Un jour, une saison : Leicester 2015-2016

Tout simplement l’un des plus grands exploits sportifs du XIe siècle. Leicester City, équipe habituée à jouer le maintien dans le championnat le plus dur du monde, a réalisé l’impossible, remporter la Premier League. Il fallait être fou pour parier sur Leicester en début de saison, mais cette équipe faite de bric et de broc a  su conquérir l’Angleterre. Retour sur l’une des saisons la plus surprenante de ce siècle. 

Gardiens

Mark Schwarzer - Kasper Schmeichel - Ron Zieler - Ben Hamer

Défenseurs

Marcin Wasilewski - Robert Huth - Yohan Benalouane - Wes Morgan - Luis Hernández - Liam Moore - Ritchie De Laet - Danny Simpson - Jeffrey Schlupp - Christian Fuchs - Benjamin Chilwell

Milieux de terrain

Daniel Amartey - Gökhan Inler - Nampalys Mendy - Danny Drinkwater - N'Golo Kanté - Matt James - Thomas Lawrence - Bartosz Kapustka - Nathan Dyer - Marc Albrighton - Andy King

Attaquants

Ahmed Musa - Leonardo Ulloa - Shinji Okazaki - Jamie Vardy - Riyad Mahrez - Demarai Gray - Islam Slimani

Entraineur

Claudio Ranieri 

En début de saison, et vous l’aurez compris, l'équipe de Leicester City n’était pas promise à un grand avenir. Majoritairement composée d’inconnus, peut-être que les vrais puristes de la Ligue 1 connaissaient Kanté ou Mahrez, mais ça s'arrête là. Le club avait été promu en Premier League depuis seulement deux ans. De plus, la plupart des joueurs sont des habitués des divisions inférieures. Même Ranieri, entraîneur reconnu, avait perdu de sa crédibilité après ses échecs à Monaco et avec la sélection grecque. Peu de gens s’attendaient à ce qu’il remporte le championnat avec une équipe d'anonymes. À titre de comparaison, c’est comme si le TFC remontait en L1 l’an prochain, puis décrochait le titre d’ici 2022, et ceci dans un championnat moins relevé que la Premier League. Tout simplement invraisemblable.

Un parcours inoubliable

Dès les premières journées, les Foxes surprennent leur monde en ne subissant aucune défaite jusqu'à la 7e journée. Mais la défaite contre Arsenal est un accident. Leicester enchaîne ensuite avec une série d'invincibilité qui dure jusqu'à la 18e journée, où ils perdent un but à zéro contre Liverpool, une équipe qui aime jouer les trouble-fête. Se maintenir aux places européennes jusqu'à la trêve serait déjà un exploit, mais là, les hommes de Ranieri font encore mieux, ils titillent le leader Arsenal. Même si Leicester est en train d'effectuer la plus belle saison de son histoire, peu nombreux sont ceux qui croient à un sacre en fin de saison. On se dit que l’effectif n’est pas assez profond et que la dynamique va finir par s’essouffler face à l'expérience des grandes écuries. Les Gunners peuvent donc honnêtement croire à un nouveau titre qui leur échappe depuis les Invincibles de 2004. Mais c’est sans connaître la capacité des rouges et blancs à se prendre les pieds dans le tapis. En effet, à partir de la 22e journée, les Foxes vont asseoir leur domination sur le championnat, écarter un par un les prétendants, et surprendre toute la planète football. Même si, à partir de février, le monde commence à comprendre que la Perfide Albion sera bleue en fin de saison.

Effectivement, à partir de la 22e journée, Leicester City s’empare de la première place. Et hormis une défaite contre Arsenal, la bande à Mahrez ne perd aucune rencontre jusqu’à la fin. Au cours de cette saison, ils brillent contre les « gros » (sauf Arsenal, seule équipe qui est parvenue à les battre deux fois) avec notamment une victoire essentielle contre Manchester City lors de la 25 journée, mais aussi contre Chelsea ou encore Tottenham. En parlant de ces deux équipes, lors de la 36e journée, Leicester City est finalement sacré champion d’Angleterre grâce à Chelsea, champion en titre, qui décroche le nul face à Tottenham. Ce score permet aux Foxes de décrocher le graal, le passage de flambeau est magnifique. La joie des joueurs et des supporters est indescriptible, cette équipe que personne n’attendait, qui jouait le maintien la saison précédente, remporte le championnat avec 81 points, 10 d’avance sur Arsenal. Féerique.

« 26 joueurs, 26 cerveaux, un seul cœur »

Ce titre de champion, Leicester le doit beaucoup à son entraîneur, Claudio Ranieri. Qui a su tirer le meilleur de joueurs alors inconnus. De ces marginaux, il en a fait des armes fatales, une armée de mort de faim prêt à tout ravager : 

Ngolo Kanté, le milieu de terrain repêché à Caen en Ligue 2 et qui a su mettre tout le monde d’accord. Avec Leicester, il a tout simplement cadenassé l’entre-jeu des Foxes, personne ne pouvait passer, il donnait l'impression à ses adversaires de se dédoubler. 

On retrouve aussi Wes Morgan, défenseur rugueux et capitaine charismatique d’une équipe qui n’a encaissé que 35 buts (dont 14 clean-sheet). 

Il y a aussi Jamie Vardy, véritable canonnier de cette équipe. Touché par la grâce, il termine la saison deuxième meilleur buteur du championnat avec 24 buts, dont un record de 11 matchs consécutifs en marquant au moins un but. Belle revanche pour le Bad Boy qui a commencé sa carrière en D6 anglaise et qui portait un bracelet électronique en 2003 suite à une rixe. Son passé houleux derrière lui, il a pu faire parler sa vitesse et son talent pour nous régaler de quelques bijoux et recevoir le trophée de meilleur joueur de la saison PFA. 

Et enfin Riyad Mahrez, l'insaisissable ailier recalé par l’OM quelques années auparavant. Sa chance, Leicester lui a donné en 2014 et il a su la sublimer. Il termine la saison avec 17 buts et 11 passes décisives ainsi que de nombreuses humiliations infligées aux défenseurs d’Outre Manche. Techniquement au-dessus, ses dribbles dévastateurs lui ont permis d’être l’un des grands artisans du sacre et de recevoir le titre de joueur de la saison FWA.

Ces quatre joueurs sont les protagonistes de cette équipe, présent dans le XI type de la saison, mais chaque garçon à su apporter sa pierre à l’édifice. Tous ont surperformé et se sont dépassés pour Leicester City. Cette équipe n’était pas la plus séduisante à voir sur le terrain, jouant exclusivement en contre, subissant le jeu, mais sa rage de vaincre était communicative.

"C'est un petit club qui montre au monde ce qui peut être accompli grâce à la force mentale et la détermination, dira Claudio Ranieri dans une lettre ouverte. 26 joueurs. 26 cerveaux différents. Un seul cœur". 

Eliot POUDENSAN