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Un jour, une saison : Le Stade Toulousain 2018-2019

Le Stade Toulousain restera, peut-être, comme le seul club de l’histoire a conservé le bouclier de Brennus deux saisons de suite, sans le gagner sur le terrain. La saison 2019-2020 ne reprendra surement pas en raison du Covid-19. La précédente fut une véritable rédemption pour les rouges et noirs avec en point d’orgue, le titre de champion de France.



Une reconstruction menée depuis plusieurs saisons


Nous sommes à la fin de la saison 2016-2017. Le Stade Toulousain vient de finir 12e du Top 14, premier club non relégable finissant l’année avec 15 défaites et seulement 11 victoires. Cette saison-là marque la fin d’une longue série. Toulouse ne se qualifie pas pour les phases finales, une première depuis 1976 et un véritable choc pour les supporters. A ce moment là, Ugo Mola boucle son second exercice à la tête du club. Arrivé après le départ du légendaire Guy Novès, la tâche s’annonçait compliquée, elle le fut. Cette mauvaise saison peut s’expliquer par le départ de cadres tels que Vincent Clerc, Clément Poitrenaud ou encore Louis Picamoles. La jeunesse représentée par Gaël Fickou, Julien Marchand et François Cros est encore en plein développement. Mais les idées sont là. Le staff composé de Jean-Baptiste Elissalde et William Servat est toujours le même. Il évoluera par la suite avec l’arrivée de Jean Bouilhou et de Clément Poitrenaud, fidèles du club. Toutes ces légendes du club vont aider à faire renaître le Stade Toulousain de ces cendres. Avec comme principale idée directrice, l’ADN de toujours, le jeu !


Le 20e bouclier de Brennus


Le 15 juin dernier, le Stade Toulousain a donc remporté son 20e bouclier de Brennus. Son premier depuis 2012 et la victoire face à Toulon. 7 années. Une éternité pour un club comme Toulouse. Ugo Mola a donc réussi son pari. Sa 4e année comme entraîneur général fut la bonne. Une année de tous les records tellement son équipe aura dominé le rugby français. Le Capitole pouvait enfin redécouvrir ce parfum, si particulier, de jouissance absolue en fêtant ses héros. Mais tout bouclier se mérite. Il ne suffit pas d’être le plus fort pour soulever le Graal du rugby français. Il faut souffrir pour être beau comme le dit l’expression. Les Toulousains ont su faire preuve de courage et d’abnégation pour mériter leur titre . Devenant le premier club à remporter 20 boucliers de Brennus. Les 14 du Stade Français semblent bien loin. Victoire de la chocolatine par KO . Pour en arriver à célébrer le plus fameux des bouts de bois, le Stade a réalisé une année parfaite. Battant, au passage, bon nombre de records. La première prouesse étant de battre le nombre de points obtenus au cours d’une saison. 98. Les coéquipiers du capitaine Jérôme Kaino ont glané 98 points. Seulement 3 petits matchs perdus, laissant des miettes aux autres cadors du championnat. Derrière, Clermont et le LOU finissaient, respectivement, à 15 et 20 points du leader incontestable toulousain. Les rouges et noirs, doivent ce chiffre fou, à une exceptionnelle phase retour, où ils ont pris 53 points sur les 65 possibles. Record sur une phase retour. Vous avez dit imbattable? Il ne restait plus que 2 matchs pour finir cette saison de la meilleure des façons.


Une finale en apothéose


La finale opposait, incontestablement, les deux meilleurs équipes de l’année. Le premier contre le deuxième. La hiérarchie fut respectée en demi-finale. Le leader toulousain battait La Rochelle 20-6 en inscrivant 3 essais, quand l’ASM récitait à merveille sa partition face au LOU avec une victoire 33-13. L’heure du choc était attendu par tout le rugby français. Les deux matchs de la saison régulière laissaient présager un merveilleux affrontement. Mais une finale n’est jamais un match comme les autres. Les internationaux étaient nombreux au mètre carré. Que la fête commence ! Malgré les intentions, louables, des deux équipes, la première demi-heure fut un duel de buteur, les défenses prenant le dessus sur les attaques. Mais à la demi-heure de jeu, ce sont bien les Toulousains , très entreprenants, qui arrivent à transpercer la défense des jaunards. L’inévitable Kolbe sert sur un plateau Yoann Huget qui n’a plus qu’à conclure. Premier round Toulouse. Les rouges et noirs, bien que commettant des fautes que l’international écossais Laidlaw se chargeait de sanctionner, semblaient au-dessus. Puis à la 55e minute, comme un symbole, le 2e essai des joueurs de la Ville Rose, voit toute la ligne arrière toulousaine se transmettre le ballon pour que l’international tricolore Yoann Huget plante son doublé. Premier joueur à réussir pareille performance. Une merveille d’action et d'exécution à l’image de la saison. Jeu de mains, jeu de Toulousains comme on dit. Malgré une légère frayeur sur un en-avant à 30 secondes de la fin du match, les Toulousains tiennent ce bouclier. Ils n’ont pas renié leurs principes lors de cet ultime affrontement et ils ont été récompensés de la plus belle des façons. 24-18. Le Stade Toulousain est champion de France pour la 20e fois de son histoire.


Des matchs de pure folie


Si cette équipe du Stade Toulousain restera dans les annales du sport, plus que pour ses statistiques, c’est son côté showman qui a marqué les esprits. Ne refusant que très rarement de jouer, elle a permis à ses supporters, comme au fan de rugby lambda, de vibrer devant de nombreux matchs. En Top 14 comme en Champions Cup, le rugby en est sorti gagnant et les essais tous plus magnifiques les uns que les autres. Le match le plus marquant est sûrement la victoire au Stadium de Toulouse face à sa future victime de juin. Dans une rencontre où les deux futurs finalistes se sont rendus coup pour coup, Toulouse remportait le match 47-44. Outre le spectacle offert par les deux équipes (10 essais de chaque côté), c’est la remontée des rouges et noirs qui avaient marqués les esprits. Menés de 11 points à 10 minutes de la fin, Romain Ntamack puis Sofiane Guitoune avaient permis à leur équipe de s’imposer. Mais d’autres ont également marqué les fans de rugby par leur spectacle ou leur dramaturgie. Plusieurs rencontres font partie de ces castes. Le Toulouse-Toulon, encore une fois au Stadium, où les toulonnais sont reparti fanny 39-0. Pau a également fait les frais de ce véritable rouleau compresseur encaissant 13 essais. 83-6, score final, un récital de rugby. Autre match, autre record. Cette fois-ci, dans le derby de la Garonne, contre l’UBB. Les stadistes sont menés de 29 points à la pause. Mouillez-vous la nuque, puisqu’ils ont infligé un, à peine croyable, 36-0 en seconde période pour s’imposer. Cette équipe-là ne lâchera pas et s’est forgé un gros mental depuis la désillusion face à Castres, en début d’année, dans le derby. Un dernier petit mot pour la Champions Cup. Compétition européenne dans laquelle Toulouse s’est fait éliminer en demi-finale par le Leinster. Club qu’ils avaient battu à Ernest Wallon en poules grâce à un doublé de Maxime Médard. Mais la rencontre dont tout le monde se souvient, c’est cette victoire à la U Arena, face au Racing à 14 contre 15 avec ce superbe essai, de… Maxime Médard. Les Harlem GlobeTrotters du rugby.


Des joueurs 5 étoiles


Toutes les grandes équipes du Stade ont gagné de la même façon. Un pack ultra-dominateur, derrière lequel ses arrières virevoltent et jouent à merveille leur partition. C’est effectivement ce qu’il s’est produit l’année dernière. Les joueurs ont inscrits 102 essais au cours de l’exercice, nouveau record. Ils sont également restés invaincus 14 rencontres, augmentant la série d’invincibilité de notre championnat. Tout au long de la saison, le collectif a brillé. Les joueurs tout autant mais toujours au service du groupe. Bien sûr, le feu follet sud-africain, Cheslin Kolbe, a monopolisé l’attention tant son talent semble immense pour un si petit corps. Mais avec lui, c’est une véritable philosophie qui est revenue. Le jeu, le jeu et le jeu. Se faisant porte-parole du rugby champagne, les joueurs d’Ugo Mola ont rayonné. La 3e ligne Cros-Kaino-Elstadt a effectué un travail monstrueux tout au long de la saison pour détruire les équipes adverses. Dupont a confirmé, au même titre que son compère Romain Ntamack, son statut de futur patron du rugby français. Sofiane Guitoune, auteur de 12 essais, s’est quant à lui rappelé au bon souvenir du passé. Thomas Ramos, quant à lui, s’est révélé comme pièce maîtresse du collectif, tant son jeu au pied s’est avéré indispensable. Les jeunes que sont Tauzin, Lebel, Marchand, Tolofua ou Mauvaka ont largement participé à ce triomphe en épaulant à la perfection leurs aînés.


Le 20e Brennus du Stade Toulousain ne sort pas de nul part. Depuis plusieurs années, Ugo Mola et son staff ont travaillé pour obtenir ce résultat. Grâce à une philosophie de jeu prônant le rugby champagne, les Toulousains ont su reconquérir leurs supporters et leur ont offert le plus beau des cadeaux. Devenant, le temps d’une saison, la machine à gagner d’antan, Toulouse a signé une saison exceptionnelle.


Yohan Lemaire


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