Les Bleus déroulent pour l’ouverture des Six Nations

Les Bleus célèbrent l'essai de Gaël Fickou / Flickr

Le très attendu Tournoi des Six Nations faisait son retour hier. Le match d’ouverture opposait les Français aux Italiens au stade olympique de Rome. Les Bleus étaient de passage au pays transalpin, tandis que la Squadra Azzurra n’était que de passage sur le terrain. Score final 50-10 pour les Bleus après une rencontre menée d’une main de maître.

Nouvelle année, nouvelle édition du Tournoi, nouvelles ambitions, sur le papier, les mois de février et mars s’annoncent plus qu’alléchants pour les Bleus. L’an passé, les hommes de Galthié étaient passés si proche de la première victoire finale après 10 années de disette. Le XV de la Rose avait en effet gratté le titre pour une vingtaine de points au goal average. Mais des mois sont passés, d’autres matchs ont eu lieu, et cette fois, les Bleus partent comme grand favori du tournoi. Un solide groupe d’une trentaine de joueurs est formé autour du staff de l’équipe de France. La tournée d’automne 2020 a prouvé que cette équipe avait un réservoir de talent infini et surtout beaucoup de ressource et d'orgueil. Première étape dans la quête de gloire des Bleus, les malheureux Italiens qui n’ont plus l'emporté dans cette compétition depuis presque 6 ans. Attention tout de même, l’Italie n’est jamais un signe de grande réussite pour les Français. L’an dernier, les Bleus s’étaient imposés au Stade de France sur le score de 35-22, et l’année d’avant 25-14. L’équipe de France a souvent tendance à négliger cette équipe italienne, quitte à se faire peur à certains moments… Aussi, les Français devaient composer sans Ntamack, blessé à la mâchoire, François Cros, touché au pied, et Virimi Vakatawa souffrant au genou. Pour les remplacer, Cretin, Jalibert et Vincent démarrent aux côtés des titulaires habituels. Le coup d’envoi de la rencontre est alors donné par Mr Carley à 15h15.

Loin devant sans forcer

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a pas attendu longtemps avant d’avoir du spectacle. Dès la 6ème minute, Teddy Thomas se défait de 4 Italiens comme il sait bien le faire. Le ballon est allongé sur l’aile gauche où Gabin Villière est stoppé à quelques mètres de la ligne d'en-but . Et c’est quelques mètres à côté, sous les poteaux, que Dylan Cretin aplatit le premier essai Français. Jalibert transforme et s’offre de nouveaux points sur une pénalité quelques minutes plus tard. 10-0 pour les Bleus après le premier quart d'heure. Les Français commettent alors des fautes, alors que les Italiens enchaînent les temps de jeu. Finalement, dès que le XV de France force un peu en attaque, les brèches s’ouvrent. Sur un maul rapidement joué, Dupont glisse la balle dans l’en-but italien dépourvu de ritals. Fickou est le seul à suivre et inscrit le deuxième essai. Seulement 3 minutes plus tard, Arthur Vincent enfonce les Italiens sur un contre bien négocié par Villière, Dupont et Vincent à la conclusion. Jalibert ne se troue toujours pas et transforme ce troisième essai. Malgré ces réussites offensives, les Français restent indisciplinés dans les rucks. Les Bleus sont même punis d’un essai de Ioane qui sera refusé par la suite pour en-avant. C’est dur d’être Italien en ce samedi après-midi. Les deux équipes repartent aux vestiaires sur le score de 24-3.

Une deuxième mi-temps en apothéose

Aux retours des deux équipes, l’équipe de France a le bonus offensif en tête, alors que les Italiens commencent déjà à compter les minutes qu’ils leur restent. Comme à leur habitude, cette jeune Squadra Azzura craque en seconde période. Après dix minutes de jeu, “l’ancien” Brice Dulin combine avec Villière qui lui envoie un long coup de pied à suivre. Les Italiens ont la charrette et l’arrière marque l’essai du bonus. 3 minutes plus tard, Antoine Dupont, le meilleur joueur du Tournoi 2019 en va lui aussi de son essai offert par un Teddy Thomas tranchant sur ses deux seules accélérations du match à ce moment-là. 3 nouvelles minutes ensuite, Thomas se fait offrir un essai cette fois par Dupont. Jalibert sur une de ses rares tentatives de perforer la ligne adverse est en réussite. Il s’échappe et s’appui sur son numéro 9 qui n’a plus qu’à transmettre à son ailier. Les Italiens sont à bout de souffle et Jalibert n’en loupe pas une, 45-3 pour les Bleus. A ce stade, des premiers changements s’opèrent et les Français peuvent commencer à ralentir la cadence, le bonus étant déjà bien sécurisé à l’heure de jeu. Les Italiens sauvent l’honneur grâce à Sperandio qui inscrit un essai en solitaire similaire à celui de Dulin 15 minutes auparavant. Les Bleus parachèvent même leur démonstration par un doublé de Teddy Thomas. L’ailier trouve une faille dans le coin après une mêlée à 5 mètres. 7 essais à 1, 50 à 10, 5 points au classement, l’opération est un succès pour les Bleus.

Un ensemble solide avec des fulgurances

Antoine Dupont est élu homme du match, à juste titre. Le français a comme à son habitude brillé de son talent. Vincent et Cretin ont été très solides. Ils ont magnifiquement bien remplacé les titulaires. En touche, défense comme attaque, le troisième ligne lyonnais est l’un des hommes de la rencontre. Brice Dulin a été une fois de plus irréprochable à son poste, la preuve que les humains ont plusieurs renaissances. La première ligne a été peut-être en dessous hier, même avec la très bonne entrée de Bourgarit, les gros ont été effacé. Jalibert a lui fait son bout de chemin sans encombre, dans un style très traditionnel, sans surprises dans le jeu, mais tout dans l'efficacité. 100 % au pied et juste dans le jeu, il ne fait peut-être pas taire ses détracteurs, mais il assure sa place de numéro 2 à son poste. On voit aussi clairement l’importance qu’accorde Galthié au numéro 10 titulaire sur la feuille de match. Que ce soit Ntamack ou Jalibert qui débute, le jeu de l’équipe de France est nettement différent, laissant le leadership au demi-d’ouverture, Dupont s’adaptant juste à celui-ci sans soucis. Avec Ntamack, les Bleus pratiquent un rugby offensif, basé sur la perforation des lignes. Le ballon y est toujours en activité, voguant entre les ailes jusqu'à ce que la faille se crée dans la défense adverse. Avec Jalibert, la France pratique un rugby à l’ancienne, basé sur une efficacité déjà observée auparavant chez les Anglais. On joue chez eux le maximum de temps en attendant une bourde de nos opposants. Les coups de pieds entre les poteaux y sont très importants avec un Jalibert qui a ce poids sur les épaules. Ne pas trop se donner en attaque pour garder de l’énergie sur les longues phases défensives où les rucks sont primordiaux dans ce schéma tactique. Le mot d’ordre avec Ntamack est le jeu, avec Jalibert, c’est l'efficacité avec une victoire à la clé. Chaque supporter aura son schéma préféré, mais ce que l’on ne peut pas reprocher à Galthié, c’est qu’il fait tout pour mettre Jalibert dans les meilleures conditions possibles. Dans le XV de France de Galthié, le 10, c’est sacré et il animera le jeu à sa guise.

En clair, c’était une première étape rondement menée par nos Bleus, mais ça ne reste que l’Italie. C’est tout de même de très bon augure pour la suite. Le XV de France devra se rendre à Dublin le week-end prochain où il n’a plus gagné depuis plus de 10 ans.

Marco Gasparini