Le XV de France s’impose 36 à 5 face à l’Italie
- LA FINE EQUIPE
- 30 nov. 2020
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Dernière mise à jour : 30 déc. 2020
Dans un match chargé en émotion, le XV de France s’est largement imposé. Cette troisième et dernière journée de poule de l’Autumn Nations Cup a vu des Bleus, fortement remaniés, prendre le large en seconde période après une première mi-temps poussive.

Ce n’était pas un simple match de rugby que jouait le XV de France, hier soir, au Stade de France. Fabien Galthié, en après-match, au micro de Cécile Grès, paraissait très touché. Le décès brutal de Christophe Dominici a touché en plein cœur le rugby français. Alors forcément, c’était plus qu’une simple victoire dans une toute nouvelle compétition. C’était un hommage à «Domi». L’émotion était palpable dans les yeux de Bernard Laporte lors de la minute de silence, comme dans ceux des autres copains de Domi présents au stade, le sélectionneur, Fabien Galthié, en première ligne. La photo déployée dans les tribunes du Stade de France reflétait parfaitement l’homme au soixante-sept sélections en équipe de France. Alors, pour lui, les tous jeunes Bleus ont remporté le match. C’était la première fois pour beaucoup d’entre eux, l’occasion de revoir des nouvelles têtes, mais pas que !
Le match : il ne fallait pas être pressé
Il y eut deux matchs dans un ce samedi soir. Le premier avant l’heure de jeu où les tricolores n’arrivaient pas à prendre le dessus. Il faut dire que les Italiens n’étaient pas venus en touristes dans la capitale. Alors que beaucoup de Bleus (qui jouaient en blanc, hier) discutaient leur premier match, il leur a fallu un temps d’adaptation. Pendant celui-ci, ils ont raté beaucoup de plaquages. Cet enchaînement a d’ailleurs conduit Canna à inscrire le premier essai du match. Les Italiens menaient alors 5-3, dans un premier acte où Teddy Thomas et Gabin Vilière devaient ronger leur frein, Matthieu Jalibert et Baptiste Serin enchaînant les coups de pied d’occupation pour notre plus grand bonheur. À 5min de la mi-temps les Bleus se sont alors rappelés au bon vieux temps et ont lancé la technique «Mathieu Bastareaud» qui consiste à lancer notre premier centre tout droit sans se poser de questions. Sauf qu’ici Bastareaud n’était pas à Paris, c’était Danty. À la pause, le XV de France est devant, mais on attend beaucoup mieux en termes de jeu proposé tant cette première période était infâme.
Le second acte fut à sens unique. La première banderille fut posée par la fusée Gabin Vilière qui déposait toute la défense italienne et comme un symbole, il portait le numéro 11. Domi dans tous les esprits. Par la suite, les transalpins ont craqué physiquement et la fraîcheur française a fait le reste. Baptiste Serin, capitaine du soir, auteur d’un match assez moyen, a inscrit le troisième essai à la conclusion d’un maul bien construit par ses avants. Ce fut autour de Teddy Thomas, bien servi par un Brice Dulin des grands soirs (voir ci-contre) d’aller dans l’en-but adverse après avoir déposé les arrières Italiens. Enfin, le 5e et dernier essai fut l'œuvre du Parisien Macalou après un excellent mouvement, au cours duquel les passes après contact se sont succédées, le tout accéléré par le lyonnais Baptiste Couilloud.
Les joueurs : Dulin, Danty en mode retour, Jelonch et Geraci comme promesses
S’il fallait ressortir un seul joueur, Brice Dulin serait sûrement l’élu. Sur la pelouse parisienne, il était l’un des seuls avec de l’expérience internationale et cela s’est ressenti. Le Rochelais a été au four et au moulin durant les 80 minutes. Dans cette partie, qui a vu les deux équipes abuser des ballons hauts, il a été irréprochable dans les airs, notamment dans les chandelles qu’il a lui-même tapées. L’arrière a mis ses coéquipiers dans l’avancée sans cesse et sa percée offre le 4e essai à Teddy Thomas. Son feu dans les jambes et sa volonté de relance ont payé. Élu homme du match à juste titre, ce genre de performance, si elles se poursuivent, pourraient bien redistribuer les cartes à l’arrière. Les arrières n’ont pas été à la fête, pourtant Jonathan Danty a su tirer son épingle du jeu. Gagnant ses duels sans arriver forcément à faire jouer derrière lui, le parisien en a profité pour inscrire le premier essai des tricolores dans son style si caractéristique. Son premier en bleu. Quelques bons plaquages à son actif également.
Du côté des néophytes, Anthony Jelonch est celui qui a le plus brillé. L’habituel flanker de Castres, repositionné en numéro 8 par le staff de Fabien Galthié, n’a cessé de plaquer à tour de bras. Auteur d’un gros grattage à la 33e lors d’un temps fort italien. Le futur Toulousain a été l’avant le plus en vue. Il a même terminé capitaine, reflet de la confiance de son sélectionneur. Devant lui, Killian Geraci s’est également distingué. Il n’est pas le plus costaud du pack et pourtant il est celui qui donne le ton. Son contre en touche juste avant l’essai de Vilière est décisif également.
L’analyse : Un match poussif marqué par les éclairs de génie
Ce XV de France a longtemps paru manquer d'idées. Le spectacle proposé en première mi-temps fut frustrant. Le peu de préparation qu’ont eu les joueurs associé au turnover expliquent peut-être cela. Les 5 néophytes présents sur le terrain au coup d’envoi également. Il a fallu que les Italiens soient en infériorité numérique pour que les tricolores prennent le dessus. Les Italiens ont ensuite abdiqué, manquant de justesse et de puissance pour rivaliser avec les joueurs français qui, eux, ne baissaient pas le pied. Pourtant les Bleus ont joué le jeu des Transalpins pendant un bon moment. La charnière Serin-Jalibert a abusé de coups de pied à notre plus grand désespoir, en renonçant totalement au jeu, pendant que notre mêlée souffrait le martyr. Les deux premiers essais ont été marqués en premier main, avec un jeu à une passe, grâce à deux exploits. Ce qui dérange, c’est le fait que le collectif bleu ne semble pas avoir remporté cette victoire. Le XV de France a gagné parce que ses joueurs sont meilleurs et qu’ils ont un «coffre» plus important que ceux des Italiens. À aucun moment, ou alors seulement lors de la dernière action, les Bleus n’ont semblé prendre l’avantage collectivement. On ne tire pas de conclusions trop hâtives. On dit seulement que les éclairs de génie ont fait gagner la France, encore une fois.
Malgré un match qui ne restera pas dans les annales, mis à part pour les petits nouveaux, le XV de France enchaîne un septième succès en huit matchs. Le réservoir tricolore semble plus profond que ce que l’on pouvait penser. La mission est réussi, les Bleus joueront une finale la semaine prochaine à Twickenham face à notre ennemi juré, l’Angleterre.
Yohan LEMAIRE
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