Les Bleus maîtrisent le XV du Chardon sans briller
- LA FINE EQUIPE
- 23 nov. 2020
- 6 min de lecture

L'équipe de France victoriuse à Murrayfield/Flickr
Le XV de France s’est sorti du traquenard écossais, hier, à Murrayfield. Cela faisait 6 ans que les Bleus n’avaient pas quitté Édimbourg sur une victoire. Malgré une rencontre fermée, l’équipe de France a brisé cette malédiction pour son premier match de l’Autumn Nations Cup. Score final : 22-15.
Le 8 mars 2014, voici la date de la dernière victoire française en terre Écossaise. A l’époque, les Bleus avaient eu tout de même beaucoup de mal à se défaire de leurs adversaires du jour. Une petite victoire sur le score de 19 à 17 grâce à une pénalité de Jean-Marc Doussain dans les derniers instants du match (vous comprenez maintenant que cela remonte…) Après cela, une défaite 29-18 en 2016, une autre 32-26 en 2018, et la fameuse déroute du Tournoi 2020 sur le score de 28-17, avec pour point culminant, le carton rouge attribué à Mohamed Haouas et toute la controverse qui s’en est suivie.
Mais bonne nouvelle pour les Bleus, la rencontre d’hier n’était pas dans le cadre du Tournoi des Six Nations, mais dans celle de l'Autumn Nations Cup, la compétition remplaçant l’habituelle tournée d’été annulée en raison de la crise sanitaire. L’équipe de France devait normalement inaugurer son tournoi par le face à face contre les Fidji, mais un cluster occasionnel chez nos amis du Pacifique a forcé l’annulation de la rencontre. Le XV de France a alors remporté le match par forfait 28-0, belle performance…
Alors pour cette deuxième première rencontre de l’Autumn Nations Cup, Fabien Galthié avait décidé de changer quelque peu ses plans par rapport aux derniers matchs de la tournée d’automne. La première ligne, habituellement remplaçante (Gros-Chat-Bamba), est alignée d’entrée de match. Taofifenua et Cretin se frayent un chemin parmi les titulaires à l’avant. Jalibert retrouve le numéro 10. Il n’avait pas tant joué en un match avec les Bleus depuis… le dernier match contre les écossais. Les arrières ne bougent pas hormis la titularisation de Thomas Ramos, Bouthier étant blessé depuis le dernier match contre l’Irlande. Les Ecossais alignent quant à eux, leur équipe titulaire basée sur leur jeune génération. Dimanche, 16h15, le coup d’envoi est sifflé par Wayne Barnes et tapé par Duncan Weir.
Première mi-temps : plus du football que de rugby
Il y avait donc une histoire récente encore ancrée dans les têtes des joueurs. La France est arrivée avec des intentions bien précises et une réputation de rouleau compresseur intenable. Le premier maul de la journée récolte une pénalité que Ramos s’empresse de taper, 3-0. L'arrière toulousain en a tiré une autre quelques minutes après que Kinghorn ait sauvé un essai sur une course jusqu’à l'en-but face à Virimi Vakatawa. Lorsque le jeu reprend à la pénalité précédemment sifflée par l’arbitre anglais, Ramos porte le score à 6-0. Cette entame de match est un peu inquiétante pour les Ecossais, mais depuis la Coupe du Monde 2019, le XV du Chardon a un tout autre visage. Dans le passé, ils auraient peut-être laissé le tableau d'affichage leur échapper sur ce genre de situations. Cette fois, ils ont répliqué et se sont repris. Weir, bottant au même niveau que son homologue français, réussit à ramener son équipe à 6-3 et égalise ensuite lorsque Grégory Alldritt commet une faute sur le virulent ailier écossais d’origine sud-africaine. Le duel de coups de pied s'est poursuivi. La France tente de lâcher ses chevaux, mais la défense Écossaise les arrête. Face à eux, les Ecossais tentent de briser les lignes dans leur style de jeu qui leur est propre, mais de solides Français emmenés par un Camille Chat des grands soirs, repoussent les offensives adverses. Les Ecossais auront la chance de compter sur de nombreuses fautes et approximations françaises dans le jeu. Point noir de cette première mi-temps qui a empêché les Bleus de proposer un jeu de contre plus dynamique qu’ils maîtrisent depuis l’arrivée de Galthié au poste de coach.
Pourtant, Jalibert, ayant assez vu de picks and go, recule sur une phase dans les 22 Écossais, est servi par Dupont, et ajuste un beau drop entre les perches. Weir réplique lorsque Dylan Cretin ne parvient pas à se dégager après une percussion soutenue de l'Ecosse ; 9-9.
Deux autres pénalités ont permis d'obtenir un score de 12-12 avant la fin d'une mi-temps stérile de part et d’autre. Les Bleus avaient même un alignement à cinq mètres et un maul qui semblait incapable d'être arrêté à la dernière minute. Les Français ont travaillé jusqu'à la ligne et ont lancé leurs gros calibres. On aurait pu parier sur une percée jusqu’à l’en-but, mais ils ne l'ont finalement pas fait. Vakatawa est retourné dans l’en-but sans aplatir. Les tricolores rentrent au vestiaire la colère sur le visage, déçus de ne pas avoir réussi à développer leur jeu.
Deuxième mi-temps : le XV de France s’en sort bien
Le discours du capitaine à la mi-temps a payé d’entrée de seconde période. Jusqu'alors, on ne voyait guère de courses meurtrières des Français. Antoine Dupont était silencieux, Gaël Fickou n'avait rien proposé, Vakatawa, bien que très en vue, n’était pas en réussite. Cela change en deux minutes. Une solide mêlée française, une passe de Fickou pour Vincent Rattez revenu vers le centre et l'Ecosse est en difficulté. L'ailier se fraye un chemin et trouve Vakatawa sur sa droite. Sur cet élan et à cette distance, rien ne pouvait l'arrêter, bien que Stuart Hogg ait fait son possible. La transformation est réussie par un Ramos à 100 %. Le score est de 19-12, mais une cinquième pénalité de Weir réduit rapidement l'écart. La façon dont l'Ecosse survit aux dix minutes suivantes en ne concédant que trois points est un petit miracle, ou un témoignage de sa défense de fer.
Les joueurs français dominent enfin le jeu, les arrières deviennent influents, le mouvement de balle est plus rapide et leur menace s'est accrue. Ils lancent quelques mauls qui les font grandement avancer sur le terrain. L'Écosse s'accroche, de plus en plus proche de sa propre ligne. Finalement, ils ont décidé qu'il valait mieux garantir trois points plutôt que de se battre toute la nuit pour un nouvel essai. Ramos réitère ses performances du jour. Le tableau d’affichage montre un écart de sept points maintenant, 22-15.
La fin de partie est mouvementée, ponctuée par beaucoup de fautes de main et de pénalités bizarrement jouées. L'Ecosse obtient une touche à cinq mètres de la ligne française, malgré le fait que Hogg ait poussé Fickou dans le dos alors qu’il était encore loin d’atteindre le ballon. Une énorme opportunité et une énorme démonstration défensive française, Dylan Cretin ruinant la grande chance de l'Ecosse. Les Bleus se retrouvent alors avec une pénalité dans leur propre moitié de terrain. Ramos opte pour la tenter, en partie pour ralentir le temps, puis se précipite pour une raison qui échappe à tout le monde.
Son coup de pied de biche n'est pas cadré. L'Écosse reprend le ballon et, alors que le temps est pratiquement écoulé, elle obtient une pénalité. Hogg décide de taper en touche, mais son coup de pied dévissé termine en ballon mort. Même si la défense française, hormis ses fautes, a été exemplaire, empêchant les avancées écossaises, le camp tricolore n’était pas serein à l’attente du dernier coup de pied de l’arrière le plus capé de l’histoire de l’Ecosse. La France décroche enfin sa victoire à Murrayfield sur le score de 22-15, au bout d’un match fermé, surprenant, à l’encontre des dernières prestations des bleus.
Jalibert toujours pas au niveau, mais des associations encore convaincantes
Même si le match n’a pas été propice aux exploits personnels, certains ont confirmé leurs statuts en équipe de France. La paire de centre Fickou-Vakatawa est indétrônable, irrésistible défensivement, complice offensivement, à ne jamais sortir de l’équipe titulaire. Camille Chat rappelle qu’il est un joker de luxe au talon, capitaine de route à l’avancée et dans les rucks, il est le parfait second de Marchand. Thomas Ramos a tout de même été irréprochable au pied, et Dylan Cretin intéressant dans le grattage de ballon dans le jeu, comme en touche. Malheureusement, il n’y a pas que des satisfactions. Jalibert a été d’une tristesse affolante en attaque, à la limite de l’inutilité, remettant sur la table la question de sa légitimité en tant que numéro 2 derrière N’Tamack. Bamba n’a lui aussi pas convaincu, ses fautes et son manque d’engagement en défense rappelle qu’il manque de droitiers en équipe de France.
Le prochain match sera contre l’Italie pour s’adjuger la première place du groupe. Nous aurons l’occasion de voir de nouvelles têtes comme Macalou ou Carbonel. En attendant, le XV de France reste invaincu sur la tournée d’automne, 6 victoires sur 7 matchs en 2020, et pourquoi pas être les premiers vainqueurs de l’Autumn Nations Cup ?
Marco Gasparini
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