top of page

Ronaldo, l'échec turinois

Dernière mise à jour : 1 avr. 2021

Voilà trois ans que la Juventus réalisait un mercato estival historique. La Vieille Dame arrache le quintuple Ballon d’or, Cristiano Ronaldo, au Real Madrid. On se dit que Ronaldo va lui permettre de passer ce cap en coupe d’Europe, et on se dit qu’il va à nouveau remporter le trophée avec un troisième club, pour donner du grain à moudre aux amateurs du clash Messi/Ronaldo. Mais trois ans plus tard, la Juventus sort par la petite porte, en huitièmes de finale, battue par le FC Porto. A la Juve, CR7 retombe sur terre, et un départ du club est aujourd’hui sur les tablettes.

Avant de parler purement de l’échec Ronaldo, il faut rappeler que l’ancien du Real a inscrit 95 buts et délivré 19 passes décisives en 123 matchs avec la Juventus. Sur le papier, Cristiano est toujours un immense joueur, qui affiche des stats incroyables à 36 ans. Avec la Vieille Dame, le Portugais remporte deux titres de champion en deux ans et une Supercoupe. Un échec qui paraît relatif. Mais si la Juve débourse 100 millions d’euros pour s’attacher ses services, ce n’est pas pour gagner la Série A, qu’elle domine aisément depuis des années. La Juventus rêve de la Coupe aux grandes oreilles. Elle est la seule à pouvoir y prétendre de l’autre côté des Alpes avec l’une des équipes les mieux armées du Vieux continent. Par deux fois, 2015 et 2017, le club turinois se qualifiait pour la finale, et par deux fois, il chutait face au Barça de la MSN et au grand Real Madrid d’un certain Cristiano Ronaldo, qui, l’année suivante, claquera une somptueuse bicyclette qui lui vaudra l’ovation du public bianconeri. Une réaction spontanée qui a touché le champion d’Europe. Il manque quelque chose à cette Juventus, un homme qui, dans les moments cruciaux, ne tremble jamais. Et cet homme, c’est CR7, alias monsieur Ligue de Champions, que la Juventus a donc décidé de recruter


Pour la première saison de Ronaldo dans le Piémont, la Juventus sort d’un groupe relevé (Manchester United, Valence, Young Boys) et tombe sur l’Atlético Madrid en huitième de finale. Un club que connaît très bien Ronaldo. La Juve s’incline 2-0 au match aller et, compte tenu de la prestation, l’espoir de se qualifier est infime. Mais cet espoir a un nom, Cristiano Ronaldo. Le Portugais claque un triplé au match retour, la défense turinoise fait le reste, 3-2 sur l’ensemble des deux matchs. Tout le monde s’emballe. On se dit que la Juventus a réalisé un gros coup et que Ronaldo est dans un club suffisamment armé pour aller une nouvelle fois au bout. C’était sans compter sur la jeune équipe de l’Ajax Amsterdam qui surprend la Juventus en quart de finale. Une erreur de parcours, ça peut arriver, même si l’effectif turinois est de top niveau. Ils se serviront de cette désillusion pour ne plus commettre la même erreur, on y croit. L’année suivante c’est l'Olympique Lyonnais, cocorico, qui élimine la Juventus dès les huitièmes de finale. Allez, on peut trouver une nouvelle excuse avec l’arrivée du Covid. Mais cette saison, nouvelle désillusion pour la Juventus qui sort une nouvelle fois de la Ligue des Champions dès les huitièmes de finale. La Juve pensait passer un cap avec CR7, c’est presque une régression.


D’où vient ce mal ?


Et si le problème venait de Ronaldo ? Difficile de pointer du doigt un joueur dans un sport collectif, et surtout un joueur de son calibre. Non, la faute n’est pas à mettre sur les seules épaules de CR7. Mais on parle de son échec personnel étant donné qu’il a été recruté pour permettre à la Juventus de franchir cet ultime cap. 100 millions d’euros, auxquels s’ajoute le salaire stratosphérique du joueur, représentent un réel investissement pour le club. Un investissement qui ne lui a, au final, pas été bénéfique sur son objectif : remporter la Ligue des Champions. Cristiano s’est inscrit dans un effectif dominant sur la Botte et a simplement assuré une continuité dans la course au scudetto. Mais même cette domination nationale est aujourd’hui grandement menacée. La Juventus est arrivée un peu tard peut-être. Ronaldo n’est plus aussi décisif, c’est une chose à laquelle il va falloir s’habituer malheureusement. Il ne joue plus du tout de la même façon et son impact, hormis devant le but, a beaucoup diminué. Normal à 36 ans, tout Ronaldo qu’il est. Le Portugais ne devrait pas s’éterniser dans le Piémont. On parle d’un retour au Real Madrid, Manchester United et Paris sont également à l’affût.


Le problème est beaucoup plus global à la Juventus. Trois entraîneurs en trois ans, pour un club de son calibre, c’est anormal. Un effectif vieillissant, ronronnant, confié à un entraîneur qui débute, même si personne ne remettra en cause les connaissances en football d’Andrea Pirlo. Chiellini est souvent blessé et la magnifique paire de défenseurs qu’il formait avec Bonucci n’est plus aussi sereine. La grande Juventus est “morte” avec l’abandon de sa défense à trois, Chiellini-Barzagli-Bonnucci. La direction de monsieur Agnelli tente de renouveler cette équipe, et beaucoup de choix sont intéressants mais très coûteux, De Ligt, Chiesa, McKennie, Arthur… pourtant, la mayonnaise a du mal à prendre. Andrea Pirlo ne trouve pas cet équilibre sur le terrain, ce qui était la grande force des Bianconeri sous Conte et les débuts d’Allegri. Mais le problème de la Juventus est commun à l’ensemble des équipes italiennes. Si le niveau global du Calcio s’est nettement amélioré, la nouvelle façon de jouer au football en Italie montre ses limites en coupe d’Europe. C’est criant, les équipes italiennes manquent terriblement d’intensité malgré des effectifs de qualité. La seule équipe “digne” de jouer l’Europe semble être l’Atalanta, en terme de rythme. Cette année, une seule équipe italienne est encore en lice pour les quarts de finale, il s’agit de l’AS Roma en Ligue Europa, c'est dire.


Ronaldo n’est pas fautif dans l’incapacité de la Juventus de revenir au sommet du football européen, mais il n’a pas réussi à lui faire passer ce palier. C’est une équipe en fin de cycle, qui se renouvelle petit à petit, mais qui cherche encore son identité. La Juventus définissait par excellence ce qu’était le jeu à l’italienne par le passé, un jeu qu’elle maîtrisait, un jeu qu’elle a abandonné, plus par défaut que par choix, mais le constat est là. Les promesses de ce mariage entre la Juve et Ronaldo avaient séduit la planète football, le bilan est plus que mitigé.

Bastien LOUBET

 
 
 

Comments


bottom of page