Review du TDF : à la recherche des Français
- LA FINE EQUIPE
- 25 sept. 2020
- 5 min de lecture

Le Tour de France vient de s’achever ce dimanche 20 Septembre. Forcément particulier, le Tour nous a réservé de nombreuses surprises avec comme point d’orgue cette victoire finale de Tadej Pogacar à seulement 21 ans. Pour nous, Français, les rêves se sont très vite effondrés comme ceux de Thibaut Pinot et ses compères à nos plus grands regrets.
Les attentes étaient hautes. Sans doute trop. Après un merveilleux Tour de France 2019, les coureurs tricolores se sont cassé les dents, au propre comme au figuré, sur les routes de l’Hexagone. Cette année, pas de feux d’artifice, pas d’espoirs, juste une réalité bien compliquée à encaisser. 2 victoires d’étape, 3 jours en jaune certes, mais aucun Français capable de rivaliser avec le gratin mondial. Le bilan n’est pas catastrophique mais il est terni par cette absence de représentant dans le haut du panier.
Aucun français dans le Top 10
Dans le camp tricolore l’heure n’est pas à la fête. La plus grosse information de ce Tour 2020 restera qu’aucun Français n’aura réussi à se hisser dans le top 10 du classement général. Une première depuis 2013. Pourtant Thibaut Pinot se présentait comme l’un des favoris les plus en forme après son excellent Dauphiné (2e). Tout comme Guillaume Martin (3e) qui faisait office de sérieux outsider. Romain Bardet venait lui en recherche de performances avec comme but ultime la victoire d’étape. Des 3 coureurs, aucun n’a atteint son objectif. Le Franc-comtois, Thibaut Pinot, pour qui le tracé semblait aller à merveille, a chuté dès la première étape et ne s’en est jamais remis. Il a terminé ce tour dans une anonyme 29e place, sans réussir les deux dernières semaines le quelconque baroud d’honneur. La malchance l’a encore touché, mais le garçon a tenu à finir cette Grande Boucle et c’est tout à son honneur. C’est aussi pour cela que Pinot est tant apprécié du grand public. Il ne lâchera jamais rien et l’on espère qu’il reviendra plus fort et qu’il arrivera à s’affranchir de la pancarte de “magnifique perdant“ qui lui colle à la peau. Pour Guillaume Martin, une chute est également venue contrarier ses plans. Après une bonne première semaine où il était tout proche des leaders et une bonne traversée des Pyrénées, sa chute sur une étape de transition a tout fait basculer. Les Alpes furent beaucoup trop dures et la réalité est venue le rattraper. Il n’était pas au niveau des meilleurs de ce Tour de France 2020 et termine 11e à plus de 3 minutes de Caruso qui ferme le top 10 et plus de 16 minutes du prodige slovène Tadej Pogacar. Un creux abyssal. Pour sa satisfaction personnelle, il termine meilleur français à 27 ans. Enfin Romain Bardet. Il n’était pas venu pour jouer ce classement général. Son excellente première semaine l’a obligé à revoir ses plans discrètement, sans qu’on n’en entende réellement parler. Mais ne dit-on pas, jamais 2 sans 3 ? Plus violente que la chute de ses deux compères, l’Auvergnat est également tombé au cours de la seconde semaine, l’obligeant à quitter la course et abandonnant toute chance de victoire d’étape ou de classement général. C’est dommage Romain semblait avoir les jambes.
2 étapes remportés et 3 jours en jaune
Cette Grande Boucle 2020 n’est pas non plus des plus catastrophiques côté français. Il eut bien des années où le camp tricolore repartait du Tour avec 0 victoires. Cette année, Julian Alaphilippe et Nans Peters ont levé les bras pour redorer le blason de la nation. Pour la coqueluche des français c’était attendu. Après un Tour 2019 exceptionnel conclu à la 5e place, il revenait avec d’autres objectifs. Exit le classement général et carte blanche pour les victoires d’étapes. Finalement le bilan est un peu décevant, avec une seule victoire d’étape à Nice. Tout en prenant le maillot jaune le jour-même. Il aurait pu le garder plus que 3 jours, mais les juges en ont décidé autrement. Mais plus que le bilan, c’est l’impression donnée par le coureur de la Deceuninck qui a «inquiété». Il fut souvent dans les bonnes échappés mais il a toujours manqué ce petit quelque chose, qu’il semblait avoir l’an dernier. Son Tour n’est pas raté. On attendait beaucoup de lui, encore plus avec les défaillances de ses compatriotes, il était juste moins en forme qu’un an auparavant et est tombé sur plus fort que lui. Pour le second vainqueur d’étape français, Nans Peters, c’est une agréable surprise. Pour son premier Tour il a réussit l’exploit de remporter une étape et avec la manière s’il vous plaît. Parti dans un numéro de soliste très loin de l’arrivée, il a tenu les yeux dans les yeux Zakarin en montagne afin de remporter sa deuxième victoire sur un grand tour après le Giro. A quand Peters sur la Vuelta pour entrer dans le cercle restreint des hommes ayant remporté une étape sur les 3 grands tours ?
Et maintenant ?
Le comparatif vis à vis des autres nations est sans appel. La France ne positionne aucun de ces coureurs dans le top 10, quand une soit disante plus petite nation de cyclisme telle que la Slovénie, occupe les deux premières places. Les Français ont raté leur Tour concernant le classement général. C’était peut-être une année sans. Le problème est que le premier français, Guillaume Martin à 27 ans. Thibaut Pinot et Romain Bardet sont de la génération 1990. La question de la relève français se pose très vite. Certes, les trois cités auparavant n’ont pas abandonné toute chance de remporter un jour la Grande Boucle. Mais on recherche toujours un successeur à Bernard Hinault. Et il ne semble pas prêt d’arriver. Pourtant les autres nations voient des phénomènes exploser. Bernal, Pogacar, Van Aert, Evenepoel ou autres Van Der Poel. Ce sont les futurs grands du peloton mondial et aucun jeune français n’y figure et n’est en mesure d’y figurer dans un futur proche. David Gaudu qui avait gagné le tour de l’avenir en 2016 devant des coureurs comme Egan Bernal semble plafonner aujourd’hui. Il n’a pas non plus été aidé par les chutes ces derniers temps. La french touch... Les vieux briscards que vont devenir la génération 1990 vont devoir porter encore quelques années la responsabilité de devoir jouer les premiers rôles dans le camp tricolore. Sauf qu’ils ne sont pas éternels.
Un Tour 2020 mi figue mi raisin, avec 2 victoires d’étapes mais des représentants absents des débats entre cadors, cette Grande Boucle n’est pas à marquer d’une pierre blanche pour les Français. L’avenir assez flou n’est pas pour rassurer les fans de cyclisme tricolore mais n’enterrons pas le panache français. Pinot, Bardet et cie reviendrons, à coup sûr, plus fort.
Yohan Lemaire
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