Rafael Nadal et l’idylle Roland-Garros

Le 3 juin marque l’anniversaire des 34 ans de Rafael Nadal. Habituellement, il le fête lors de la quinzaine de Roland-Garros. C’est devenu un petit symbole de l’amour entre Rafa et les Internationaux de France . Pour l’instant reporté, on revient sur son lien avec la terre battue parisienne, sur laquelle il a triomphé à 12 reprises.

Oui, Rafael Nadal a remporté 12 fois Roland-Garros. Pouvait-on imaginer, un jour, qu’un joueur soit aussi dominant que l’est Nadal sur terre battue? Je ne le pense pas même si Roger Federer sur gazon et Novak Djokovic sur toutes les surfaces, c’est tout aussi impressionnant. Mais gagner 12 fois le même tournoi du Grand Chelem, c’est autre chose. Perdre seulement 2 matchs en plus de 15 ans également. Une régularité et une détermination à toute épreuve. Ces deux mots résument à la perfection le Taureau de Manacor.

Une légende construite depuis 2005

Rafael Nadal a triomphé à Roland-Garros pour la première fois il y a quinze ans. C’était en 2005 face à son compatriote Mariano Puerta en 4 sets. Juste avant cette première victoire Porte d’Auteuil, il avait battu le maestro Roger Federer (on en reparlera), sur le même score en demi-finale, excusez du peu. A seulement 19 ans, il remporte son premier Grand Chelem et son premier Roland. Le premier d’une très longue série qui n’est toujours pas finie. Après ce premier sacre, la légende s’est mise en route. Il s’est alors installé une habitude dans la capitale parisienne. Rafael Nadal et Roger Federer se rencontrent en finale des Internationaux de France et à la fin, c’est toujours le majorquin qui l’emporte au dépens du Suisse. Pourquoi? En 2006, 2007 et 2008 les spectateurs du court Philippe Chatrier ont pu assister à un “Fedal”. Mais le résultat fut toujours le même. 3 victoires de Rafa dont la fameuse finale de 2008 où le numéro 1 mondial de l’époque n’inscrira que 4 petits jeux (6-1 6-3 6-0). Rafa a 22 ans et porte déjà son compteur à 4 victoires en 4 participations à Roland.

Sa défaite face à Robin Soderling en 2009, en huitièmes de finale, avait, ce jour là, sonnait comme un tremblement de terre. Nadal était donc humain. Enfin, ces défaites ne sont qu’au compte de 2 en 15 ans ici à Paris. Je ne sais pas si l’on se rend bien compte de la folie de cette statistique. A part le Suédois, c’est Novak Djokovic, un autre mutant, qui a réussi à se défaire de Rafa chez lui, Porte d’Auteuil. C’était en 2015, Nadal s’était incliné sur un score sans appel de 7-5 6-3 6-1. Sa dernière défaite dans son Royaume. Entre ces deux défaites il avait remporté 5 nouvelles couronnes. Les victimes ? Robin Soderling, un an après sa victoire. Roger Federer, quant à lui, s’inclinait une nouvelle fois quand Djokovic voyait l’Espagnol lui soufflait 2 fois le trophée au même titre que Ferrer en 2013. Ici, le roi c’est lui. Personne ne peut contester sa couronne alors même qu’il a passé la trentaine depuis un petit bout de temps. Demandez à la nouvelle génération représentée par l’autrichien Dominic Thiem ce qu’ils en pensent “Quand tu affrontes Rafa à Roland-Garros, tu as toujours en tête qu’il n’a perdu que deux fois. Alors tu dois non seulement le battre lui, mais aussi sa légende”. C’est plus qu’un simple match de tennis. C’est un combat ultime, de tous les instants où la moindre baisse de régime vous exposent au danger. Où la moindre balle dans le carré de service vous condamnent à perdre le point. Thiem l’a appris à ses dépens ces trois dernières années. Trois fois battu par le Taureau de Manacor alors même qu’il jouait sûrement le meilleur tennis de sa vie sur terre battue, notamment l’année dernière où l’affrontement des deux joueurs fut absolument magnifique et d’une rare violence. Mais sur la terre battue parisienne on ne bat pas le GOAT des lieux (peut-être du tennis?) comme ça. Nul doute qu’un jour l’Autrichien remportera Roland au cours de sa carrière mais avec Rafa encore en course, la difficulté de la mission sera décuplée.

Le roi de la terre battue

Les nombreuses victoires de Rafael Nadal sur terre battue (un record de 59 titres) lui ont valu le surnom de "Roi de la terre battue", surface sur laquelle il est considéré comme le plus grand joueur de l'histoire du tennis. Comment ne pas l’estimer comme tel? 120 matches joués en trois sets gagnants sur terre dans sa carrière, 118 victoires. Les hommes mentent, pas les chiffres. Ils sont ici éloquents. Personne n’a jamais eu l’impact de Nadal sur une surface. Il domine ses adversaires comme aucun autre joueur n’en est capable et c’est ce qui le rend si unique. A Paris, Porte d’Auteuil, battre Rafa est devenu un défi presque impossible à réaliser. Il est déjà extrêmement difficile de se défaire de l’Espagnol habituellement. Ici, c’est le défi ultime pour les autres joueurs. Sur terre, le lift du Majorquin est quasiment impossible à contrôler. C’est ce qu’avouait Gaël Monfils “Vous ne vous rendez pas compte de la violence physique de ses balles et de l'intensité qu'il met ! Il impose un truc incroyable, hors du commun. C'est un niveau au-dessus.” Chaque frappe de balle est un cauchemar pour ses adversaires. Il ne lâche jamais rien et essaie toujours de relancer la balle pour faire frapper un autre coup à l’adversaire. Sa défense est un véritable atout mais son mental sublime l’ensemble et formate la légende Nadal. Si un joueur n’est pas à 100% de ses capacités lorsqu’il rencontre Nadal, il n’a aucune chance sur terre. Il faut savoir saisir chaque opportunité pour essayer de le déstabiliser. Rares sont ceux qui y arrivent. Même lorsque la situation semble désespérée pour lui il trouve toujours un moyen de se remobiliser pour parvenir à ses fins. C’est ça Rafael Nadal. Un combattant hors pair, peut-être le plus grand guerrier tennistiques des temps modernes, imbattable au meilleur des 5 sets sur terre battue lorsqu’il est en pleine mesure de son corps.

Seul joueur avec 12 titres au même tournoi du Grand Chelem

Surement l’une des plus grandes performances qu’a accompli Rafael Nadal lors de sa carrière. En juin 2019, il devenait le premier joueur, hommes et femmes confondus, à avoir remporté douze fois un même titre du Grand Chelem. Avant cet exploit, seule Margaret Court avait réussi pareil exploit avec onze victoires à l’Open d’Australie. Gigantesque, sublimissime, les mots ne sont pas assez forts pour résumer ce qu’a accompli Rafa sur l’ocre parisien. C’est un véritable amour qu’il entretient avec les Internationaux de France, puisqu’il n’a jamais raté le tournoi depuis 2005. Coché en grand dans son calendrier chaque année, ce tournoi c’est SON tournoi. Cela fait maintenant 1 an que Rafael Nadal possède 12 titres à Roland Garros mais il est toujours difficile de mesurer ce qu’il accomplit tant c’est surréaliste. Personne, en 2005, n’aurait pu imaginer, que 15 ans plus tard, le gamin de 19 ans brandirait 12 fois la Coupe des Mousquetaires. Total juste fou, colossal, monstrueux et prodigieux.

Rafael Nadal à Roland Garros c’est une décennie et demi de souvenirs. Beaucoup de victoires, des matchs d’anthologie et très peu de défaites. Le pangolin nous a privé d’une possible treizième couronne et d’une nouvelle quinzaine nadalienne. On espère qu’elle aura quand même lieu cette année et voir à nouveau le Taureau de Manacor entrer sur la terre parisienne pour le plaisir de nos yeux.

Yohan Lemaire