Mourinho, l’art de tout changer en ne changeant rien
- LA FINE EQUIPE
- 6 déc. 2020
- 3 min de lecture
En débarquant à Tottenham en novembre dernier, peu avait encore foi dans les compétences de management de José Mourinho. On disait le tacticien portugais dépassé, aux dogmes footballistiques désuets. Un an plus tard, ses Spurs sont au sommet de la Premier League. Et cela n’a rien d’une surprise.
Il était pourtant tentant, au soir de la première journée de Premier League, après la défaite des Spurs, 1-0, à domicile, contre Everton, de le classer dans la catégorie des “has been”. Après tout, il restait sur un échec à Manchester United, deux ans après avoir été viré pour la deuxième fois par Roman Abramovitch, à Chelsea. Et ses premiers mois à Tottenham, la saison dernière, n’ont rien eu de transcendant avec 7 défaites en 20 matchs et une sixième place au classement final.
Alors, has been Mourinho ? Pas encore. Car depuis ce revers contre Everton, son équipe n’a plus connu le goût de la défaite en championnat. Ils accueillent, cet après-midi, Arsenal, en position de leader pour le North London Derby, après leur victoire face à Manchester City et leur match nul sur la pelouse de Chelsea. Tottenham leader en Premier League, c’est un événement. Le club ne s’était plus assis sur le trône anglais depuis 1985.
Doctorat en relations humaines
Mourinho n’est pas has been et pourtant le Special One n’a pas changé. A Tottenham, José fait plus que jamais du Mourinho. D’abord par sa capacité à convaincre ses dirigeants de casser leur tirelire. Le Special One est le premier entraîneur de l’histoire du foot à avoir dépensé plus d’un milliard d’euros sur le marché des transferts. Même le boss de Tottenham, Daniel Levy, pourtant réputé pour être proche de ses sous, s’est laissé convaincre de lâcher 100 millions d’euros pour satisfaire les désirs de son entraîneur. Cela sans compter le prêt fort coûteux de Gareth Bale.
Convaincre son président d’abord, persuader ses joueurs ensuite. Ce n’est pas un mystère, José Mourinho n’est pas un esthète, il ne restera pas dans les mémoires pour son empreinte sur le jeu. Néanmoins, c’est un as du management, passé maître dans l’art des relations humaines. Il n’y a qu’à voir le comportement de Tanguy NDombele. L’ancien lyonnais, qui a rarement été ménagé par son coach, court désormais partout sur le terrain et n’a jamais été aussi fort. Autre exemple probant : la métamorphose du duo Kane/Son. Le capitaine des Three Lions s’est mué en passeur avec neuf passes décisives depuis le début de la saison. Il joue 40% de ses ballons dans sa propre moitié de terrain et pourtant cela ne l’empêche pas d’être présent devant le but. Il a déjà fait trembler les filets 13 fois cette année. Son compère, Heung-Min Son en est lui à 12 buts.
La saison numéro 2 si spéciale
Mourinho fait du Mourinho : son équipe adore laisser le ballon à l’adversaire, le faire déjouer, pour mieux le piquer en contre-attaque. Il faut seulement 10 ballons dans la surface de réparation adverse aux Spurs pour marquer un but. A titre de comparaison, il en faut le double aux Citizens de Pep Guardiola. Mourinho fait du Mourinho. On sait qu’avec lui la troisième saison est souvent celle de trop. Mais on sait aussi que la deuxième, celle justement qu’il vient d’entamer, est celle de la réussite. Souvenez-vous. A Porto, il rafle le titre de champion et soulève la Ligue des champions en 2004. A Chelsea, lors de son premier passage, il est double champion d’Angleterre en 2005 et 2006. A l’Inter Milan, il réalise le triplé historique en 2010. Au Real Madrid, il devient champion d’Espagne face à l'armada barcelonaise en 2012. Lors de son retour à Chelsea, il permet à nouveau aux Blues de remporter le championnat en 2015. Et même à Manchester United, où son passage est considéré comme un échec, il finit deuxième du championnat, le meilleur classement des Reds Devils depuis le départ de Sir Alex Ferguson.
Les supporters des Spurs, évidemment, ont cette donnée bien en tête. Eux qui, pourtant, avaient accueilli très froidement José Mourinho en novembre dernier. Mais ils savent aussi que leur club n’a plus gagné de coupe d’Angleterre depuis 30 ans. Pire, les Spurs n’ont plus été champions d’Angleterre depuis 60 ans. Alors, ils sont décidés à croire en ce Mourinho qui a tout changé en ne changeant rien.
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