Les révolutionnaires : Martin Fourcade, prophète du biathlon
- LA FINE EQUIPE
- 29 avr. 2020
- 5 min de lecture
Second volet des révolutionnaires, ces sportifs de tout horizon qui ont contribué, à leur manière, à faire rentrer leur sport dans une autre dimension.
#2 Martin Fourcade

Martin Fourcade fait partie de la caste des grands. Son sport de prédilection, le biathlon, ne pouvait pourtant pas lui assurer cet avenir là, à ses débuts. Mais le biathlète a su mondialiser son sport. Il est aujourd’hui considéré comme le plus grand biathlète de l’histoire au même titre que le norvégien Ole Einar Bjoerndalen.
Les jeux Olympiques de Vancouver, la révélation
Nous sommes en 2010, à l’ouest du Canada. Le biathlon français est porté par Vincent Jay ou encore Simon Fourcade. Pourtant c’est bien son petit frère Martin qui va bénéficier des honneurs, lors de la mass start de 15km, considérée comme la plus belle course du biathlon. Alors que le jeune homme n’est jamais monté sur le podium en Coupe du Monde et a obtenu quelques top 10 depuis le début de la saison, il va tout simplement s’adjuger la médaille d’argent lors de la masse start. Pourtant, rien ne lui était acquis. Deux fautes au premier couché. On se dit alors qu’il se dirige vers une nouvelle désillusion après ces mauvaises performances lors de l’individuel (14e), sur le sprint (35e) et la poursuite (34e). Fourcade se reprend et ne fait pas de faute sur le 2e tir couché ainsi que sur le premier debout. Mais devant lui, les champions sont au rendez-vous et il ressort 9e à 22s après ce troisième tir. Mais cette après-midi là, le français était le plus fort sur les skis. Il reprend 10 secondes dans le tour ! On se dit alors qu’avec un sans faute la médaille peut sentir bon. Hélas, une nouvelle balle sortira de la cible. 5e à 26 secondes des deux leaders que sont le slovaque Hurajt et le russe Ustyugov, le titre et la médaille d’argent semble inatteignable. Comment dit-on ? Ah oui, impossible n’est pas français. Apparement, le mot ne fait pas non plus partie du vocabulaire du jeune homme de 21 ans. Il reste donc un dernier tour qui s’annonce fou. Lancé dans une remontée incroyable, Martin Fourcade va reprendre son coéquipier Vincent Jay, puis l’autrichien Summann. Le voilà virtuellement sur le podium pour la première fois de sa carrière. Une excellente médaille de bronze après 3 fautes au tir. Sauf que devant lui le Slovaque craque. Il n’en fera qu’une bouchée. Après une course stratosphérique et un dernier tour d’anthologie, Fourcade montera sur la boîte pour obtenir sa médaille d’argent. Martin Fourcade rentre dans le game. Il en sortira en tant que légende. Plus que sa médaille, c’est la façon dont il l’a obtenue qui reste aujourd’hui dans les mémoires. Une étoile est née. Une étoile filante tant il aura volé sur la piste ce jour-là.
Kontiolahti, étape clé de sa carrière
Cette ville finlandaise ne vous dit probablement rien. Pour le biathlon, c’est un des rendez-vous annuels de la saison au même titre que les fameux sites de Ruhpolding en Allemagne ou Oberhof en Norvège. Pour Martin Fourcade, le début d’une carrière. Il ne le sait pas encore, mais cette première victoire lors du sprint, obtenue le 14 mars 2010, est le premier la première d’une (très) longue série. Série qui s’arrêtera à 83 triomphes… le 14 mars 2020… lors de la poursuite à Kontiolahti. La boucle est bouclée. 10 ans jour pour jour. La vie est bien faite non ? Ce week-end de mars 2010 restera à jamais gravé dans la mémoire du biathlon français. La première victoire d’un jeune homme de 21 ans, tout juste médaillé d’argent aux JO, qui avait obtenu son premier podium lors du sprint, un jour plus tôt. Malgré de nombreuses fautes au début de sa carrière, c’est son abnégation qui le faisait gagner. Il avait cette rage de vaincre qui fait les grands champions. Sa mentalité sera louée par tous ses entraîneurs ou compatriotes et fera sa renommée. Une icône du biathlon, messieurs dames.
Un palmarès long comme le bras
Le natif de Céret dans les Pyrénées Orientales a eu, certes, une carrière courte pour un sportif (10 ans), mais il s’est forgé l’un des plus beaux palmarès du sport français. Avec un total de sept médailles olympiques dont 5 en or et 2 en argent, Martin Fourcade est le sportif français le plus titré des Jeux Olympiques, été et hiver confondus. Excusez du peu ! Les jeux de Pyeongchang en 2018 le voit rejoindre une légende des sports d’hiver de notre pays, Jean-Claude Killy, comme sportif français ayant remporté 3 titres olympiques pendant les mêmes jeux. Les JO passés en revue, un gros morceau de la carrière du frenchy reste à aborder. La Coupe du Monde, qui a lieu chaque année. Car le biathlète français n’a pas “seulement” remporté 83 manches de cette Coupe du Monde de biathlon. Il est monté sur le podium 150 fois. Les chiffres sont stratosphériques . Je ne veux pas vous noyer dans ceux-ci mais ils sont juste sensationnels. Il est, tenez-vous bien, le seul biathlète à avoir remporté 7 fois le classement général de la Coupe du Monde de 2012 à 2018 (RIP la concurrence). Le meilleur biathlète français détient également le record de nombres de Globes de Cristal avec 33 globes. Attendez, on n’a pas encore parlé des championnats du monde… 13 médailles d’or, 10 en argent et 5 en bronze. Une machine à gagner. Il doit avoir une grosse armoire à trophée pour y mettre tout ça (Payet en PLS). Vous avez dit hégémonie ? Martin Fourcade a laissé son empreinte sur le biathlon pour le reste de l’histoire laissant des miettes aux biathlètes de son époque hormis Bjoerndalen.
Un impact sur le biathlon sans égal en France
La discipline du biathlon est seulement olympique depuis 1960. Peu connue et médiatisée, elle l’est aujourd’hui de plus en plus. Martin Fourcade est l’une des principales raisons, si ce n’est la principale. Raphaël Poiré, ancien biathlète français et médaillé 3 fois aux JO avait commencé à faire parler de ce sport méconnu du grand public. Il faut dire que la discipline qui mélange, l’endurance du ski de fond, combinée avec l’adresse nécessaire pour le tir, est plutôt atypique. Le sang froid et l’agilité sont très importants pour devenir un bon biathlète et Martin Fourcade l’a bien compris. Sa capacité à devenir l’un des meilleurs a fait exploser la popularité de son sport. Forcément, lorsqu’un sportif français excelle aussi bien que Martin l’a fait pendant 10 ans, les français sont de suite plus enthousiastes. C’est la France qui gagne que représente Fourcade. Et il le lui rend bien. Porte-drapeau en 2018 à Pyeongchang , ces Jeux seront les siens avec notamment cet incroyable finish lors de la mass start (les frissons, merci Alexandre Pasteur). Depuis son règne, l’attention autour du champion français n’a fait qu’augmenter. Retraité depuis mars, le natif des Pyrénées a tenu à soigner sa sortie et a beaucoup aidé la nouvelle vague des biathlètes français, représentés par Fillon-Maillet, Jacquelin, Desthieux ou encore Claude en les accompagnant et en leur apportant toute son expérience pour prendre la relève. Chose que les jeunes font excellemment bien. Le fait que Martin Fourcade et ses autres compatriotes aient brillé et continueront de briller, pour les plus jeunes, aident leur sport à être médiatisé. Depuis maintenant 5 ans, les épreuves de Coupe du Monde sont diffusées, chaque week-end, sur l’Equipe 21 en clair et les audiences font un carton. Une étape est même organisée en France, au Grand Bornand et c’est un véritable succès populaire. On dit merci qui ? Merci Martin !
Martin Fourcade est un sportif sans égal. Véritable star, il a réussi à médiatiser un sport dit “mineur” avant son arrivée. Les audiences télé de l'Équipe, lors des retransmissions des courses, ne cessent de battre des records. Au delà de sa carrière, la biathlète aura réussi à fédérer autour de lui une véritable Équipe de France tout en faisant adopter son sport par une large population. SON véritable succès.
Yohan Lemaire
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