Le XV de France repart de plus belle
- LA FINE EQUIPE
- 27 oct. 2020
- 6 min de lecture

Gregory Alldritt à la charge sur Alun Wyn Jones / Flickr
Le XV de France ne nous a pas fait faux bond. Les tricolores se sont octroyé la victoire contre le Pays de Galles sur le score de 38 à 21 lors du match préparatoire à la dernière rencontre du Tournoi des 6 Nations 2020. Malgré quelques secteurs qui restent encore à renforcer, les bleus repartent avec beaucoup de satisfaction avant l’ultime rencontre contre le XV du Trèfle samedi prochain.
5 essais, 38 points inscrits. Cela faisait 22 ans que les Français n’avaient pas réalisé une telle démonstration offensive contre les Dragons rouges. Romain Ntamack n’était même pas encore né ! Le 5 avril 1998, les Bleus s'étaient imposés 51-0 à Cardiff pour remporter le Grand Chelem contre les Gallois. Mais quoi de mieux que d’attendre le 100e affrontement entre les deux nations pour réitérer ce type de performance (bon calmons-nous, les Gallois ont toujours 51 victoires contre 46 pour les Français au général).
On prend les mêmes et on recommence
Pour le retour de l'équipe de France après 7 mois sans matchs internationaux, les hommes de Fabien Galthié recevaient le XV du Poireau, avec pour objectif de retrouver du rythme avant la clôture des 6 Nations, et le tournoi d’automne qui le suit. Rappelons que la dernière fois que les Bleus étaient en piste, ils étaient tombés en Ecosse alors qu’ils menaient jusque-là d’une main de maître le tournoi des 6 Nations. Malgré tout, le coach français n’est pas rancunier et reconduit une équipe très similaire à celle que l’on a pu voir 7 mois plus tôt. 11 joueurs titulaires à Murrayfield en mars démarrent le match contre les Gallois. Même, Mohammed Haouas, auteur d’une terrible faute lors du match contre les Ecossais, retrouve son numéro 3 et conserve la confiance de son entraîneur. Vincent Rattez est de retour sous le maillot tricolore après une très longue absence due à une fracture du péroné lors du match Italie-France en février dernier. Le Pays de Galles, quant à lui, aligne son équipe type qui avait déjà embêté les bleus aux 6 Nations, mais pas de quoi les battre ce soir-là (les bleus étaient reparti victorieux sur le score de 23-27).
1re mi-temps : plus de peur que de mal
Il est 21h quand le sifflet de Mr Dickson retentit dans le si triste Stade de France.. Dan Biggar donne le coup d’envoi et déjà la première alerte chez les Français à la réception du ballon. Grégory Alldritt, borgne pour l’occasion avec son oeil au beurre noir, ne capte pas le ballon et offre une touche à 5 mètres de l’en-but français pour les Gallois au bout de 10 secondes de jeu. Et ce qui devait arriver arriva, un essai Gallois de Leigh Halfpenny dès la première minute du match. La touche est bien effectuée par Owens et les joueurs glissent vers l’aile droite du terrain. Bouthier est feinté, Rattez est en retard et les bleus ont déjà 7 points de retard avec la transformation réussie par Dan Biggar. La France concède même une nouvelle pénalité offrant 3 points de plus aux Gallois. Les premières inquiétudes autour du groupe français font leurs apparitions. Le Tournoi des 6 Nations était-il un coup de chance ? Les joueurs ont-ils la forme nécessaire pour des matchs internationaux ? Mais finalement, les tricolores vont rapidement chasser toutes ces mauvaises pensées. À la 13e minute, Romain Ntamack transperce le rideau Gallois qui, depuis le début de la rencontre, monte rapidement sur les offensives françaises. Il trouve son compère toulousain Antoine Dupont qui va s’échouer à quelques mètres de l’en but. L’arbitre siffle une pénalité rapidement jouée par Gaël Fickou, avant que Cyril Baille, encore un Toulousain, ne vienne aplatir le ballon derrière la ligne. Ntamack transforme et les Bleus sont de retour dans la rencontre.
Jusqu’à la demi-heure de jeu, les Français butent sur les Gallois et leur pression défensive à la limite du hors-jeu. Mais sur un surnombre sur l’aile, Ntamack décale Vakatawa qui s’offre le bijou du match avec son offload pour Teddy Thomas qui rejoue vers l'intérieur avec Dupont, encore et toujours, qui n’a plus qu’à conclure en terre galloise. Ntamack ne rate pas l’occasion de passer devant l’adversaire au score et le compteur affiche maintenant 14 à 13 pour les Bleus.
Seulement 2 minutes plus tard, sur un turnover bien négocié par le capitaine Charles Ollivon et Gregory Alldritt, l’équipe de France s’échappe à nouveau dans la défense galloise avec Fickou qui donne un bon ballon à Vakatawa qui va fixer Halfpenny et transmettre à Dupont, toujours dans les bons coups ce samedi soir, qui s’enfuit vers l’en-but du XV du Poireau et signe son deuxième essai du match. Les deux équipes repartent au vestiaire sur le score de 21 à 13.
Deuxième mi-temps : la confirmation
Au retour des vestiaires, les deux équipes commettent de nombreuses fautes, Ntamack et Biggar en profitent pour rajouter quelques points à leur compteur. Et, à la 65e, sur nouveau cafouillage à la suite d’une chandelle de Dupont, le rebond fait des siennes et revient comme par hasard dans les bras d’Antoine Dupont qui trouve une brèche dans la défense et met 4 Gallois à l’arrêt. Il n’a plus qu’à faire la passe décisive et c’est Ollivon qui a la chance de conclure cet essai offert par Antoine Dupont. Ntamack ne tremble pas et les Bleus mènent de 15 points. Lewis inscrit un essai anecdotique non transformé par Biggar quelques minutes plus tard, mais la tendance est française.
Et comme une cerise sur le gâteau, Teddy Thomas nous offre un essai dont lui seul à le secret avec un sombrero rugbystique au-dessus d’un Dan Biggar immobilisé. Il parachève le succès français avec une transformation toujours aussi décisive de Romain Ntamack. Les deux équipes se quittent à 38-21, les Bleus lancent leur tournée d’automne sur une grosse victoire en face d’une solide équipe galloise dépassée par le niveau et l’intensité des Français. Les tricolores confirment leur renouveau initié par l’arrivée de Galthié au poste d’entraîneur.
Vakatawa et les Toulousains hors-normes
Irréprochables le long de la rencontre, les grandes satisfactions sont une fois de plus la petite troupe toulousaine du XV de France et les tauliers comme Vakatawa ou encore Ollivon. Dupont prouve à nouveau qu’il est le meilleur 9 au monde à l’heure actuelle. Impliqué sur 4 des 5 essais français, il assoit sa domination et confirme son statut de cadre à seulement 23 ans.
Cyril Baille a enfin connu son premier essai en équipe de France, mais il ne faut pas limiter sa performance à ce fait de jeu. A l’origine de plusieurs turnovers favorables et bon pousseur en mêlée, il réalise sa meilleure prestation en équipe nationale.
François Cros est encore une fois indispensable dans son travail de l’ombre. Une véritable plaie dans les rucks, plaqueur infaillible, mais aussi très actif offensivement, bref, énorme.
Ntamack ajoute une nouvelle performance référence à son histoire personnelle en équipe de France. 100% au pied, à l’origine du premier essai français dans un moment de flottement pour les Bleus, voilà le patron de l’animation offensive des Français.
Vakatawa plane à son poste depuis deux saisons, c’est indéniable. Il débloque deux essais français conclus par Dupont. Irréprochable défensivement, un secteur où il est l’un des tous meilleurs au monde. Il ne faut jamais le sortir de son poste de 13.
Cette victoire est aussi une démonstration défensive dans le domaine d'homme à homme. 91% des plaquages français ont été concluants. 17 ballons ont été récupérés aux Gallois. En somme, les Français étaient à un niveau au-dessus des Gallois samedi.
Un peu de discipline s’il vous plaît !
Même si le match reste un concentré de satisfactions tricolores, un domaine qui doit être amélioré n’a pas échappé aux yeux des spectateurs, la discipline. 9 pénalités lors des 25 premières minutes du match. Au final, les Français ont été pénalisés à 16 reprises dans le match entier contre 4 pour les Gallois. Si hier, cela n’a pas influé sur le score final, cela ne sera pas toujours la même histoire. Les mêlées ont parfois trop pêché à la bonne avancée du jeu français. Si le potentiel offensif de l’équipe de France reste illimité, elle nécessite tout de même des corrections défensives. Ensuite, les Bleus atteindront le niveau de jeu tant attendu depuis 10 ans maintenant.
Après une si longue attente sans les voir, nos Bleus sont réellement de retour et n’ont pas laissé de côté l’euphorie du mois de février. Prochain rendez-vous contre l’Irlande, récente victorieuse de l’Italie. Un duel au sommet pour le dénouement d’un tournoi qui se faisait attendre depuis de longs mois.
Marco Gasparini
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