Le Top 2020 : #2 Julian Alaphilippe, roi du cyclisme
- LA FINE EQUIPE
- 30 déc. 2020
- 4 min de lecture
Tadej Pogacar qui remporte le Tour de France c’est bien. Un Français qui est sacré champion du monde, c'est mieux. Le 27 septembre 2020, Julian Alaphilippe s’est paré d’un arc-en-ciel pour la prochaine année. En Italie, terre de succès pour les Tricolores en 2020 (petit indice pour notre numéro 1), la France est sur le toit du cyclisme mondial grâce à son prodige. Julian Alaphilippe est 2e de notre classement et c’est amplement mérité.

2 ans après la seconde place de Romain Bardet à Innsbruck, en Autriche, derrière Alejandro Valverde, l’équipe de France et Julian Alaphilippe ont triomphé. Cette fois-ci pas de vieillard Espagnol pour priver la France d’un titre de champion du monde 23 ans après Laurent Brochard. Que le temps fut long. Une éternité même. Mais cette équipe-là, qui regorgeait de talents, ne pouvait passer à côté. Sur le circuit automobile d’Imola, et alors que tout le monde l’attendait puisqu’il était le grandissime favori de la course, Julian Alaphilippe a assumé et a écrasé toute la concurrence, afin de ramener le maillot arc-en-ciel à la maison.
Tout simplement le plus fort
L’année dernière, c’est le Danois Mads Pedersen qui s’était imposé à la surprise générale. Cette année, ce fut tout sauf une surprise. Julian Alaphilippe est l’un, si ce n’est le meilleur, puncheur du peloton mondial. Alors, lorsque l’on a découvert le parcours Italien, nos pupilles se sont mises à frémir. Et si c’était l’année? Et si, 23 ans après le dernier sacre Français, on allait enfin retrouver un champion du monde tricolore? Toutes ces interrogations se sont envolées, comme Julian sur son vélo, lorsque le natif de Saint-Amand-Montrond a placé son attaque en haut de la dernière bosse, à 17 km de l’arrivée. Thomas Voeckler, son sélectionneur, raconte : “Il attaque au moment où il avait dit qu’il voulait attaquer. Exactement à l’endroit précis où il avait dit qu’il placerait son attaque”. À partir de là, plus personne ne le reverra. Alexandre Pasteur, au commentaire, l’a bien compris “Il est partit Julian Alaphilippe”. Pourtant, avec lui il restait du beau monde dans cette ultime côte. Un groupe 5 étoiles qui réunissait les plus grands. Les deux gamins de Belgique que sont Van Aert et Van Der Poel, l’ancien champion du monde Kwiatkowski ou encore le prodige Marc Hirschi. Aucun d’entre eux n’a pu suivre le Français, parce que ce jour-là, c’était le sien et celui de personne d’autre. Comme à l’accoutumée, celui qui a une nouvelle fois porté le maillot jaune cette année, a placé une attaque dévastatrice, dans les pentes les plus raides, qui a scotché tous ses adversaires. Avec 15 secondes et 15 km restants, mais également 5 poursuivants, le travail n’était pas totalement terminé. Mais les longs faux plats descendant jusqu’au circuit automobile d’Imola auront eu raison des adversaires du tricolore. Personne ne le reprendra puisque c’était lui le plus fort. “C’était le rêve de ma carrière. J’ai été si près tellement de fois mais je n’avais même jamais été sur le podium”, a savouré le Français, ému aux larmes à l’issue de la course.
Un chef d’oeuvre signé Thomas Voeckler
Si Julian Alaphilippe va étrenner ce merveilleux maillot arc-en-ciel tout au long de cette prochaine saison, c’est grâce à ses jambes et son attaque qui ont laissé bouche bée tous ses adversaires. Mais c’est également grâce à une tactique rondement menée par son sélectionneur Thomas Voeckler et de merveilleux coéquipiers. À travers ce parcours dans les collines de Romagne, l’équipe de France a réalisé la course parfaite. Pour enlever toute pression à ses coureurs, l’ancien porteur du maillot Jaune est très clair avant la course. La France n’est pas favorite, elle n’est qu’un simple outsider. En interne, tout le monde sait que ce parcours est taillé pour le leader : Julian Alaphilippe. Voeckler en est persuadé, sur ce type de tracé, son poulain est le meilleur du monde. Pourtant, à 2 tours et demi de l’arrivée, Voeckler envoie ses deux premier soldats Nans Peters et Quentin Pacher à l’avant de peloton pendant une petite dizaine de km, il confie “L’idée était de faire croire aux adversaires qu’on prenait la course en main mais qu’on avait présumé de nos forces”. Un coup de bluff gagnant. Les autres grandes nations se mettent à rouler sans que les Français n’aient besoin de donner le moindre coup de pédale pour les aider. La suite se passe comme dans un rêve. Guillaume Martin et le capitaine de route Rudy Molard entrent en scène. Ils placent leur leader avant la dernière bosse et sautent sur toutes les attaques des adversaires. Le coureur de la Cofidis a abattu un travail phénoménal pour écoeuré la concurrence. La suite vous la connaissez. Le dernier mousquetaire produit son effort et devient le 9e Français champion du monde. Une performance rarissime donc. Thomas Voeckler le sait, une telle prouesse ne se réitère pas si facilement “Faut savoir le savourer parce qu’on sera pas champion du monde tous les ans, ça fait 23 ans, alors on savoure”. Un accomplissement rendu possible grâce au travail de 9 coureurs, d’un staff et d’un manager qui a su adopter la meilleure tactique envisageable.
Ce 27 septembre restera gravé dans l’histoire du sport français. Julian Alaphilippe, en pleurs, qui passe la ligne d’arrivée en rendant un dernier hommage à son père, décédé en juin dernier. Une journée parfaite, conclue de la meilleure des manières. Un maillot arc-en-ciel que Julian Alaphilippe portera le temps d’une année, mais sa performance, elle, demeurera pour l’éternité.
Yohan LEMAIRE
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