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Le résumé de la Vuelta : Roglic en champion, Gaudu superstar

Après un échec retentissant sur le Tour de France, Primoz Roglic vient de remporter la Vuelta 2020, sa deuxième consécutive devant Richard Carapaz et Hugh Carty. Une Vuelta de bonne facture, avec comme étape-phare, l'arrivée au sommet de l’Angliru. Les Français, eux, ont brillé, pour notre plus grand plaisir. Retour sur ce Tour d’Espagne.


La saison de cyclisme est maintenant terminée. Tronquée, amputée, celle-ci est néanmoins allée à son terme, malgré un calendrier bousculé. Tenant en titre, Roglic a conservé ce qui lui appartenait, son 2e Grand Tour. Cette victoire efface un peu la souffrance de septembre et ce tour de France perdu l’avant-dernier jour et terminé à la seconde place. Il n’en a pas fallu beaucoup pour que cette catastrophe se reproduise, mais le Slovène a su faire preuve de caractère pour s’assurer de cette première place. À côté de cela, cette Vuelta aura été d’une belle facture, avec des leaders à l’attaque, un parcours agréable bien que raccourci, et des français qui ont été très en vue.


Carapaz et Carty ont tout tenté mais Roglic a tenu bon


Pour la seconde année consécutive, Primoz Roglic remporte la Vuelta. Quarante-neuf jours après sa seconde place très frustrante sur le Tour de France. Non sans mal. Le Slovène n’a pas été impérial durant ces 3 semaines, mais a réussi à résister à Richard Carapaz et Hugh Carty en s’imposant de 25 secondes au classement général devant l’Équatorien. Le coureur de la Jumbo a construit son succès au fil des étapes, grâce à son punch, qui lui a permis d’aller chercher des bonifications, avec notamment 3 victoires d’étapes et 48 secondes gagnées contre 16 pour Carapaz. Le chrono durant lequel il a repris 49 secondes à Carapaz, soit le double de son avance à Madrid, lui aura été également d’une grande aide. Tout comme son équipe qui, malgré une domination moins flagrante que sur la Grande Boucle, fut plus forte que celle de ses 2 principaux concurrents. Carapaz et Carty se savaient moins forts mais ils n’ont pas réussi à prendre assez d’avance avant le chrono de la dernière semaine. L’Équatorien et le Britannique auront tenté jusqu’au dernier jour de faire basculer cette Vuelta mais il était impossible pour Roglic de vivre pareille mésaventure que sur le Tour de France. Le spectre du Tour a rôdé, mais à la Covatilla, le Slovène a résisté pour s’offrir cette seconde Vuelta. Jamais souverain, le leader de la Jumbo-Visma n’a jamais gagné plus de 13 secondes en montagne sur son dauphin Équatorien. Pourtant Richard Carapaz et Hugh Carty n’ont pas réussi à prendre assez d’avance pour leur permettre de rêver complètement de victoire finale. 


Les Français à la fête, Gaudu en patron


2 victoires d’étape, un maillot à pois, un Top 10 et des promesses pour l’avenir. Le bilan tricolore est excellent au sortir de cette Vuelta. Pourtant dès les premiers jours, Thibaut Pinot abandonne. Coup dur pour la Groupama-FDJ. Enfin c’est ce qu’on croyait. David Gaudu, qui avait vécu un Tour de France très frustrant, a remporté deux victoires d’étapes au sommet au Lagos de Somiedo et à La Covatilla ce samedi. Costaud le môme, qui confiait "Deux victoires d'étapes et le top 10, la Vuelta est plus que réussie. On va pouvoir partir en vacances sereinement". Le Breton pourra remercier son coéquipier, Bruno Armirail, lui aussi auteur d’une excellente Vuelta. Lors des deux étapes remportées par son jeune équipier, deux fois, Armirail l’aura lancé vers la victoire. Signant également un Top 5 sur le chrono, Bruno Armirail a démontré qu’il était un excellent coureur et un fidèle lieutenant avec qui on peut partir à la guerre sereinement. À côté d’eux, c’est Guillaume Martin qui s’est mis en évidence sur les routes d’Espagne. Le coureur de la Cofidis ramène dans ses valises à Madrid le maillot de meilleur grimpeur de ce Tour d’Espagne. Une jolie récompense pour celui qui avait réalisé un excellent Tour de France en septembre dernier. Trop court pour une victoire d’étape malgré de (trop?) nombreuses tentatives, Martin se consolera avec ce maillot à pois, une 14e place au classement général et sa meilleure saison depuis ses débuts en professionnel. Chez les AG2R, pas de victoire d’étape ni de maillot distinctif mais des promesses. Malgré 4 abandons, dont 2 dès la première étape, les terre et ciel ont fait bonne figure. Dorian Godon a souvent été à l’attaque et a réalisé 2 tops 10 d’étape, Clément Champoussin est parfois resté au contact des meilleurs pour son premier Grand Tour et Nans Peters a fait du Nans Peters en se démenant chaque jour mais sans résultats. Au final, beau tir groupé des 3 coureurs français qui terminent respectivement 39e, 32e et 37e. Enfin, Rémi Cavagna, qui n’était même pas prévu pour cette Vuelta par son équipe Deceuninck, a terminé super-combatif. Le «TGV» de Clermont, vainqueur d’une étape ici même l’année dernière, n’a pas réussi à reproduire cette performance malgré de nombreuses échappées. Beau lot de consolation néanmoins. 2 français sur le podium de Madrid, on ne boude pas notre plaisir.


L’Alto de l’Angliru, festival au sommet


S’il fallait retenir une étape de cette Vuelta, l'arrivée au sommet de l’Angliru serait dans les esprits de beaucoup d’observateurs et de fans de cyclisme. Forcément de par sa renommée d’abord. Une arrivée au sommet de l’Angliru n’est jamais anodine. Mais également de par son scénario. Cette deuxième étape a tenu toutes ses promesses. Alors qu’au début de la journée, Roglic et Carapaz étaient dans le même temps au classement général, la montée vers l’Angliru a permis de les départager. Alors qu’une grosse échappée avait pris le large, Guillaume Martin et Luis Leon Sanchez, les deux derniers fuyards ont été repris à 10 km du sommet. Place à la bagarre entre favoris. Le train de la Jumbo-Visma assure le tempo, mais c’est bien le coureur de la Movistar, Enric Mas, qui lance les hostilités à 3km de l’arrivée. L’espagnol, dans les pentes à plus de 20% (quelques hectomètres à 24% !!), n’arrive pas à creuser. Les images sont saisissantes, les plus grands grimpeurs du peloton zigzaguent sur la route. Le maillot rouge, Roglic, est le plus en difficulté et c’est lui qui se fera lâcher en premier du groupe des favoris. Heureusement pour lui, Sepp Kuss, son fidèle lieutenant, l’épaulera jusqu’à la ligne. Devant, Enric Mas a été repris par Alexander Vlasov, Hugh Carty et Richard Carapaz. Mais le plus fort ce jour-là c’était le britannique de l’Éducation First, Hugh Carty. Alors que les 4 hommes étaient sous la flamme rouge, Carty s’envole sur des pentes un peu plus humaines. Il signe sa première victoire dans un Grand Tour, 16 secondes devant le trio Mas-Vlasov-Carapaz qui ont coincé et 26 secondes devant Roglic, en haut d’un des cols les plus durs d’Europe. Cette victoire le positionnait comme un véritable outsider pour les derniers jours restants de course. Il finira 3e à Madrid, montant pour la première fois de sa carrière sur le podium d’un Grand Tour à 26 ans. Redouté de tous, les leaders pédalant à moins de 10 km/h, cette étape a tenu toutes ses promesses et nous a offert un magnifique spectacle sans permettre de véritablement créer une vraie hiérarchie. Un col unique en son genre.


En bref, un dernier Grand Tour à la hauteur des attentes malgré un parcours raccourci. Roglic a pris sa revanche sur sa seconde place sur le Tour pendant que Carty et Carapaz ont essayé de le détrôner sans y arriver. Les Français ont brillé par l’intermédiaire d’un David Gaudu en mode Thibaut Pinot et d’un Guillaume Martin en mode maillot à pois. 3 semaines agréables à suivre pour conclure une saison bien tourmentée. Vivement 2021.


Yohan LEMAIRE



 
 
 

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