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Le miracle de mai 2016


Le 14 mai dernier marquait “l’anniversaire” d’un évènement qui a fait vibrer les supporters du Toulouse Football Club. Chose assez rare pour être soulignée. Il y a 4 ans, le TFC, aujourd’hui relégué administrativement, se maintenait au cours d’une folle soirée. Rétrospective.


Aujourd’hui, ce souvenir est toujours aussi présent dans les mémoires toulousaines. En effet, “émotion” et “incroyable” ne sont pas les deux premiers mots qui vous viendraient à la bouche pour évoquer le TFC de la décennie 2010 . Pourtant, ce 14 mai 2016, ces deux mots sont presque un doux euphémisme. Oui, ce n’est pas le souvenir d’un TFC-Bordeaux millésime 2007 mais les supporters du club d’Olivier Sadran se raccrochent à ce qu’ils peuvent. Ce match-là, c’était leur moment.


Une saison 2015-2016 catastrophique


Toujours cette impression de radoter lorsque l’on parle du TFC. Maintien, bas de classement sont souvent les mots d’ordre du club. Cette année-là ne déroge pas à la règle. So TFC. L’équipe est entraînée par un ancien de la maison en la personne de Dominique Arribagé. Après un énième mercato très calme sur les bords de la Garonne, les supporters toulousains ont une nouvelle fois compris qu’ils n’allaient pas vivre une année folle . Comment ils l’ont su ? La première journée du championnat a fait office de leurre avec une victoire face à Saint-Etienne. Il faudra attendre 14 rencontres pour une nouvelle victoire. Entre-temps, les violets enchaînent six matchs nuls et sept défaites. Attendez, on est en 2016 ou 2020? Les saisons se suivent et se ressemblent. Ils sont alors 19ème du classement. La saison est néanmoins égayée par la révélation de jeunes pitchouns. Ainsi, Alban Lafont et Issa Diop font leur débuts avec leur club formateur, respectivement âgés de 16 et 18 ans, contre Nice, et permettent au TFC de remporter leur second match de l’année. Le premier battant le record de précocité en devenant le plus jeune gardien a disputé un match de L1. Cependant le bilan est toujours aussi mauvais. 19e avec 17 points. Mais la fin de l’année civile est de meilleur facture et le TFC ne semble pas distancé grâce à son duo Ben Yedder-Braithwaite qui commence à bien fonctionner. Après une victoire face à Reims début 2019 qui replace le club à 1 points du premier non relégable, le TFC va connaître une interminable traversée du désert. La 28ème journée sera celle de trop pour Dominique Arribagé, qui après une défaite des plus piteuses face à Rennes, démissionnera de son poste d’entraîneur. Toulouse est alors, à 10 journée de la fin du championnat, à 10 points de Reims, actuellement 17ème.


Pascal Dupraz à la rescousse du navire


Le 2 mars 2016, Olivier Sadran, le président du TFC, nomme Pascal Dupraz comme entraîneur officiel. 10 semaines pour y croire, l’opération maintien est lancée. Qu’on se le dise, pas grand monde n’est convaincu, pour beaucoup le TFC est déjà en L2. En plus de la dynamique catastrophique dans laquelle sont englués les joueurs, jamais une équipe ne s’est maintenue avec pareil retard. 3 jours après sa nomination, Dupraz est victime d’une syncope à l’entraînement. Quand tout va mal… Cet évènement va pourtant lier le groupe autour de son coach. Dès lors, le Tef’ recommence à gagner. Malgré la fragilité à l’extérieur (2 défaites et un nul), Bastia, Bordeaux et Caen viennent, tour à tour, se casser les dents au Stadium et les Toulousains se mettent à y croire. L’espoir renaît. Il reste alors 2 journées et les Violets sont de nouveau dans la course au maintien puisqu’ils sont passés de 10 à 3 points de retard. Lors de la 37ème journée, sur l’île du Ramier, face à Troyes, Oscar Trejo délivre les siens et offre la victoire à son équipe sur le plus petit score. Dans le même temps, les concurrents directs du TFC, à savoir le Gazélec Ajaccio et Reims s’inclinent. Les joueurs de Pascal Dupraz sont alors 17èmes et premiers non-relégables avec 38 points soit autant que le Gazélec Ajaccio et avec un point d’avance sur Reims, 19ème. Le premier exploit du savoyard.


Un match fou avant le coup de grâce


En arrivant à Angers, Toulouse a son destin entre ses pieds. Il lui faut obtenir le même ou un meilleur résultat que ses adversaires rémois ou ajaccien. Pourtant, tout débute mal. Lors de la première incursion angevine, Billy Ketkeophomphone ouvre le score pour les locaux et douche une première fois les Toulousains. Dans le même temps, Reims mène au score face à Lyon. Nouveau coup dur pour les pitchouns lorsque leur capitaine, Martin Braithwaite, expédie son pénalty dans les gradins du stade Raymond Kopa. On se dit alors que la soirée pourrait être moins belle que prévue. Tandis que les joueurs de Dupraz continuent de vendanger devant le but, les Rémois inscrivent un second but. Le TFC ne pourra pas espérer une défaillance des Champenois qui continueront d’aggraver le score. Ils ne vont pouvoir compter que sur eux-mêmes. 1-0 à la mi-temps, rien d’insurmontable, il faut inscrire deux buts. La moitié du chemin est réalisée lorsque l’attaquant de poche du tef, Wissam Ben Yedder, vient ajuster le portier du SCO, devenant au passage, le meilleur buteur de l’histoire du club. Sauf que la joie ne sera qu’éphémère. A peine 2 minutes après cette réduction du score, Angers repasse de nouveau devant. Il reste alors moins de 30 minutes pour réaliser l'impensable. Le capitaine Braithwaite va alors redonner espoir à tout un peuple lorsqu’il reprend du bout du pied le centre de son coéquipier Pavle Ninkov que venait de faire rentrer Dupraz pour revenir au score une nouvelle fois. La suite n’est que pure folie.


“Bodi” sauve Toulouse


On ne peut pas toujours expliquer. Ce soir-là, les caméras de Canal + qui suivent les Violets depuis quelques temps dans leur “opération maintien” capte une conversation entre Pascal Dupraz et un de ses adjoints “Je ne sais pas pourquoi… Je réfléchis à Bodiger avec sa patte gauche. J’ai ça dans la tête”. Une intuition divine. Auparavant le coach du Tef’ avait déjà effectué un coaching gagnant puisque Ninkov était passeur décisif sur le second but. La suite, vous la connaissez. Yann Bodiger, pitchoun formé au club, envoie son coup franc dans la lucarne du portier angevin à 10min de la fin. Son premier but en Ligue 1. Le gamin de 20 ans, avec ce merveilleux coup franc, sauve son équipe de la relégation. Cette soirée était déjà spéciale, elle bascule dans l'irrationalité la plus totale. Le parcage du millier de Toulousains ayant fait le déplacement exulte tout comme le banc du TFC. 10 minutes plus tard, les Violets peuvent jubiler, ils restent en Ligue 1 et envoient Reims dans la division inférieure.


Cette soirée de mai 2016 restera longtemps dans les mémoires toulousaines. Plus qu’un maintien, c’est une véritable soirée de fête et d’émotion qu’ont vécu ses supporters. Grâce à Pascal Dupraz, Yann Bodiger et une fin de championnat en trombe, le Tef’ était sauvé de la L2. Enfin ça c’était avant 2020.


Yohan Lemaire


 
 
 

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