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Le malaise Manchester United




« Un être vous manque et tout est dépeuplé ». Le  8 mai 2013, le légendaire coach des Red Devils annonce officiellement son départ à la retraite. C’est le début de la traversée du désert pour Manchester United. En 7 ans, le club aux 3 Ligues des Champions  a perdu de son prestige et de sa compétitivité. Mais comment cette équipe mythique a pu perdre à ce point sa splendeur ? Pour comprendre, il faut s'intéresser au sommet de la hiérarchie.


Lorsque Sir Alex Ferguson quitte le navire, il emporte dans ses bagages David Gill, alors directeur général. Il était l’homme de confiance de Ferguson, celui qui signait tous les contrats.

Ed Woodward, qui remplace David Gill dans le rôle de directeur général est celui qui a contribué au rachat de Manchester United par la famille Glazer. Il est l’homme de confiance des propriétaires. Cumulant plusieurs casquettes dont celle de vice-président et de « directeur sportif » (celui qui est en charge des opérations sportives). En effet, Manchester, dans la pure tradition britannique, n’a pas de directeur sportif « de métier », c’est soit  l’entraîneur qui assume ce rôle (et qui devient manager), soit un membre de la direction. Ici,  Ed Woodward.

À partir de 2013, c’est donc Woodward qui a le pouvoir à Manchester. Le problème réside dans le fait que ce dernier est banquier d’affaires à l’origine. Il a un attrait pour le football, mais n’a pas l’expertise d’un Alex Ferguson ou d’un directeur sportif ayant été joueur ou entraîneur. Il voit Manchester comme une franchise, une image de marque sur laquelle capitaliser. Alors bien sûr, les différents entraîneurs qui se succèdent depuis 2013 réclament des joueurs mais c’est toujours le directeur général qui obtient le dernier mot. 


L'internationalisation à tout prix


Manchester est le club le plus riche du monde et celui qui se vend le mieux. Oui, Manchester United, plus qu’un club de foot, est devenu une marque. En effet, Ed Woodward, en bon homme d’affaires, a profité de son pouvoir pour diffuser la marque Manchester United à travers le monde. Les transferts que réalise le club sont (souvent) des opérations marketing. Le meilleur exemple est celui de Paul Pogba. Arrivé en provenance de la Juventus Turin en 2016 pour 120 millions, un record à l’époque, La Pioche n’a pas été recruté en priorité pour son profil sportif mais plutôt pour son potentiel marketing. Avec Neymar, il était le joueur le plus bankable du moment. Évidemment, le fait que ce soit un top joueur aide pour un tel transfert. Un  joueur qui n’est pas bon sur le terrain ne pourra jamais être aussi attractif, l’aspect  sportif et marketing étant intimement liés. Mais avec cette opération, les Red Devils ne cherchaient pas un milieu de terrain capable de casser les lignes et de dynamiser le jeu, mais plus une superstar capable de devenir l’égérie de Manchester United pour conquérir de nouveaux marchés et satisfaire les supporters.

Manchester ne veut pas gagner de titres, Manchester veut être rentable. Mieux vaut investir sur une star qui rapportera gros grâce à son image, plutôt que grâce à ses performances.


Une stratégie sportive inexistante 


Entre 2006 et 2013, les Red Devils ont terminé soit premiers soit deuxièmes, chaque année, dans le championnat le plus relevé du monde. Sur la scène européenne, ils ont soulevé la Coupe aux Grandes  Oreiles en 2008 et ont atteint la finale en 2009 et 2011. Manchester United version Ferguson était, peu importe l’effectif, une machine à gagner et une équipe crainte. Jouer à Old Trafford n’était jamais une partie de plaisir. Depuis le départ de Sir Alex, le Théâtre des Rêves s’est peu à peu transformé en scène de théâtre comique pour les uns, et tragique pour les autres. Les résultats en Premier League ne sont pas à la hauteur, seule une seconde place en 2017-2018 est à souligner. Sportivement, le club est l’un des plus mal gérés d’Europe par rapport à son statut. Les transferts à des prix déraisonnables, l'internalisation à outrance et la valse des entraîneurs illustrent cette instabilité. Pourtant, le centre de formation est un des meilleurs d’Europe. Beaucoup de jeunes sont formés puis s’exportent, très peu font carrière à Manchester, la faute aux joueurs achetés à coups de millions qui s’imposent dans l’effectif, pas toujours pour le mérite sportif. 



Une gestion des transferts catastrophique


Encore un exemple de la mauvaise gestion d’Ed Woodward, l’accident industriel Alexis Sanchez. À l’hiver 2018, Henrik Mkhitaryan est échangé contre Alexis Sanchez. Lors de la signature, Ed Woodward lui propose un salaire de 520 000 € par semaine. Une somme ahurissante, déraisonnable et bien supérieure à la moyenne des salaires de ses  coéquipiers. Cette injustice a donc permis d’installer un profond malaise dans un vestiaire qui avait déjà assez de problèmes.

En plus d’acheter des joueurs bien plus chers que ce qui ne valent vraiment, United revend mal : Memphis, Di Maria, Schweinsteiger, Schneiderlin, Valdes, Darmian, Fellaini, ont tous été revendus à perte (en plus d’être des flops sportifs). Quel est le projet ???


Alors bien sûr, Manchester United ne fait pas « exprès » de se saboter pour être rentable. Le club est juste géré de manière mauvaise par un homme d’affaires qui n’est pas expert en football. Pour autant, avec de mauvais résultats sportifs, les sponsors et annonceurs vont peu à peu se désintéresser de l’actuel club au plus gros chiffre d’affaires de Premier League. C’est pourquoi on remarque une agitation dans la fourmilière, avec notamment le recrutement de Jadon Sancho, joueur au potentiel sportif et marketing inestimable. Assez pour redorer le blason du grand Manchester ?


POUDENSAN Eliot



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