Le football a repris, mais à quel prix ?
- LA FINE EQUIPE
- 19 mai 2020
- 4 min de lecture
2 mois. Ce fut long pour tous les fervents supporters du ballon rond. Pendant 2 mois le monde du football s’est arrêté de tourner. Après ces heures difficiles pour notre chère planète, l’Allemagne a pris l’initiative de relancer son championnat, la Bundesliga. Bonne ou mauvaise idée? Il y a débat.

Yohan :
Beaucoup de personnes se réjouissent à propos de cette reprise du football en Allemagne. D’autres championnats suivront sûrement également. Je suis de ceux qui ne sont pas émerveillés par la nouvelle. Le foot me manquait, c’est certain, et apparemment je n’étais pas le seul. Nous avons vu des joueurs français en bonne forme, des superbes buts, ce fut un plaisir. Néanmoins, nous avons dû apprendre à vivre sans le sport étant donné que d’autres événements surpassent celui-ci. Le sport est une fête et doit avant tout le rester. Pour moi, l’essence même du sport réside dans sa capacité à faire vibrer ses spectateurs, téléspectateurs et ses plus fervents supporters. Là, il y a un hic. Le huis-clos est bien évidemment obligatoire en cette période si difficile pour notre planète. Ce n’est pas le problème. Cependant, ces matchs sans supporters, spectateurs, ferveur, ambiance me gênent. Des tas de facteurs économiques, sportifs et bien d’autres entrent en jeu mais je ne suis pas certain de vouloir de ce foot là.
Plusieurs problèmes apparaissent. Tout d’abord au niveau sportif. Le public joue un rôle non-négligeable et affecte les joueurs sur le terrain. Personne ne peut le nier. Certaines équipes s’appuient sur ce soutien inconditionnel pour se motiver. C’est une de leurs armes. Aujourd’hui on leur enlève cette arme. Alors que d’autres écuries, souvent plus fortes, peuvent s’en sortir grâce à leur talent même si leur public est aussi un soutien dont ils ont besoin, mais il y joue un rôle moindre. La préparation des joueurs est aussi problématique. Tous n’ont pas eu le même temps pour se préparer et donc pouvoir jouer à chances égales. Une ou deux semaines de préparation de plus n’auraient pas été de trop selon moi. Et puis que dire des normes qui encadrent ce nouveau football? Les joueurs portent des masques et sont sur des bancs à 1 mètre de distance. Ok, pourquoi pas. Mais personne ne pourra empêcher ceux qui sont sur le terrain de se marquer à la culotte ou de faire le petit train en attendant que leur coéquipier tire le corner.
Le retour du football m’a fait plaisir, au même titre que n'importe quel fan de foot, je ne vais pas vous le cacher. Mais sans public ni ambiance et avec l’insécurité sanitaire qui règne, je ne suis pas certain d’en vouloir à tout prix.
Hugo :
Die Bundesliga ist zurück. Le foot allemand est de retour en VF. Et que ça fait du bien. Depuis 2 mois, les adorateurs du ballon rond sont sevrés de leur sport favori (sauf les Biélorusses). Mais voilà que le championnat teuton reprend, pour le plaisir (ou pas) de tous.
Ce samedi 17 mai, sur les coups de 15h30, la Bundesliga a marqué le retour du football en Europe. Avec en tête d’affiche un derby de la Ruhr opposant Dortmund à Schalke 04. Spoiler, inversez les chiffres et vous avez le score final. L’entrée des joueurs sur la pelouse au sein du Signal Iduna Park, qui a fait de son ambiance sa réputation, a pu en refroidir certains. Entendre “You’ll Never Walk Alone” dans un stade vide n’a jamais semblé si spécial. Autant le dire tout de suite, personne ne se réjouit de voir un match de football dans une antre orpheline de ses supporters. Mais lorsqu’on traverse des temps si difficiles, ne vaut-il pas mieux voir la coupe à moitié pleine ? C’est ce que je pense en tout cas. En l’espace d’un weekend, tous les yeux de la planète foot étaient rivés sur la Bundesliga. Chacun s’est étrangement pris d’amour pour le foot allemand, certaines chaînes enregistrant des records d’audience.
Mais revenons-en au pré vert. Que penser de la qualité de jeu proposée outre-Rhin pour cette reprise ? 22 buts ont été inscrits au cours de cette 26ème journée de championnat alors même que la dernière affiche opposant le Werder Brême au Bayer Leverkusen n’a pas encore été disputée. A titre de comparaison, ce n’est que 2 buts de moins que lors de la 25ème journée, avant l’arrêt du championnat. Certes, le nombre de buts n’est pas forcément révélateur du niveau de jeu. La réalité du terrain a parfois semblé moins sexy. Il est clair que les équipes manquent de rythme et que les disparités de niveau sont flagrantes. Mais c’est normal pour une reprise après tout. Les joueurs doivent s’adapter à ce contexte si particulier et nul doute que le niveau de jeu va aller en s’améliorant. Des écarts sûrement dûs au niveau intrinsèque des formations mais qui s’accentuent peut-être avec les moyens d’entraînement dont ont pu disposer les clubs. Mais sur ce point, cela a toujours été comme ça. Les clubs riches ont les meilleurs joueurs et disposent d’infrastructures plus performantes quant les plus modestes doivent batailler avec ce qu’ils ont. Rien n’a changé. Et comme d’habitude, chaque journée de championnat réserve son petit lot de surprises. Leipzig, alors en pleine bourre avant l’arrêt, a concédé le nul sur sa pelouse contre Freiburg. Plus surprenant encore, le Hertha Berlin a fessé Hoffenheim chez eux. Ainsi, il semblerait même que cet arrêt ait rebattu les cartes et nous propose une fin de saison avec du suspens. Le seul hic réside dans la santé des joueurs. Que faire si, dans 15 jours, on apprend que plusieurs joueurs ont contracté le Covid-19 sur le terrain ? Cela voudrait dire que l’intégrité voire la vie de ces derniers auraient été mises en danger par une reprise trop précipitée. Pour l’instant, personne n’a la réponse et on ne souhaite pas qu’une telle situation arrive.
Vous l’aurez compris, hormis l’absence de public dans les stades, cette 26ème journée de championnat ressemble à pleins d’autres. Le football du “monde d’après” n’a pas l’air si différent de celui du “monde d’avant”. La vie repart et le football avec. Regarder un match de foot le weekend est le passe-temps favori de grand nombre de personnes et même si la ferveur n’est pas au rendez-vous, il serait idiot de cracher dans la soupe. Parfois, il faut savoir mettre de l’eau dans son vin.
Hugo Martin
Yohan Lemaire
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