La VAR, ce fléau !
- LA FINE EQUIPE
- 24 nov. 2020
- 4 min de lecture

Sur le papier, l’assistance vidéo à l’arbitrage (donc on prononce bien “LA” VAR) allait mettre tout le monde d’accord. Terminé les erreurs d’arbitrage, les hors-jeu non sifflés et les simulations. Plus possible de tricher… Que nenni, depuis l’instauration de la VAR, en 2018, dans la plupart des championnats, son utilisation ne cesse d'attiser les débats et les polémiques. Comment l’utilisation de la VAR tue le football qu’on aime.
Michel Platini résume bien le débat : “la VAR ne règle pas les problèmes, elle les déplace”. Effectivement, l’assistance vidéo permet d’observer plusieurs fois les actions litigieuses, l’arbitre peut ensuite prendre la meilleure des décisions. Avant, il devait réagir, à chaud, après une action, l’erreur étant humaine, de nombreux scandales ont éclaté. Avec la VAR, la main de Dieu, la fucking disgrace, l’attentat sur Battiston ou autre main de Thierry Henry n’auraient jamais pu exister. Pourtant, l’assistance vidéo a fait naître des problèmes tout aussi clivants et polémiques. Pour commencer, elle dénature le jeu.
La VAR dénature le jeu
“Les buteurs comme moi, qui dépendent des passes et des centres à la limite du hors-jeu, sont vraiment pénalisés par le VAR”. Tels sont les mots de Mario Gomez, ancien buteur du Bayern Munich. Chaque weekend, les joueurs et entraîneurs se plaignent de l’utilisation abusive de la VAR. En effet, rien n’est plus frustrant que de voir un but refusé pour un hors-jeu sifflé 5 minutes après l’action, pour quelques millimètres. Pareil pour des mains ou des penalty accordés après avoir passé de longues minutes devant l’écran sur le bord du terrain, à vérifier mille fois les images. Le pire, c’est que certaines mains ou fautes sont sifflées sur telles actions, mais pas sur telle autre, ce qui rend complétement aléatoire l’arbitrage, et surtout, rend fou tous les supporters. On a l’impression qu’il n’y a pas de consensus arbitral sur certains faits de jeu. Alors oui, quand il y a main, ou hors-jeu (même pour une poignée de millimètres), on ne peut pas le contester, mais quand le règlement est froidement appliqué, c’est l’esprit du foot qui est bafoué.

Sur cette action, le but est refusé à cause de la main qui dépasse... farce.
Les arbitres se cachent derrière la VAR
Depuis l’intronisation de l’assistance vidéo, les arbitres ont perdu leurs responsabilités, ils ne sont plus que le relais entre le bus des techniciens et le terrain. « Je pense que l'arbitre devrait toujours être l'homme qui est sur la pelouse et que l'homme qui est dans son bureau doit l'aider et l'assister, mais ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, l'arbitre est dans le bureau » lance José Mourinho. Effectivement, l’arbitre ne réagit plus “à chaud”, et c’est un problème. A trop avoir peur de faire des erreurs, l’arbitrage devient parfois parodique. L’arbitre perd 5 min à aller revoir des actions, qui souvent sont exagérées par l’effet ralenti. Les arbitres se retrouvent donc à siffler des fautes qu’ils n’auraient jamais sanctionné sans la VAR.
Dans d’autres situations, c’est l’inverse, des fautes grossières ou des simulations dignes de la commedia dell’arte, ne sont pas sanctionnées (car l’arbitre n’a pas vu) alors qu’un rapide check de la VAR permettrait de rectifier l’erreur.
La peur de célébrer
Hormis le fait que la VAR annule plus de buts qu’elle en accorde, son utilisation la plus frustrante s’illustre quand elle annule des buts bien trop longtemps après l’action, quand les joueurs ont eu le temps de célébrer. Cela gâche le plaisir. Joueurs comme supporters ne peuvent plus laisser éclater leur joie sereinement. Les hors-jeu (même flagrants) sont sifflés au bout de l’action, les penalty sont souvent re-tirés car le gardien s’avance trop sur sa ligne, les buts refusés… Tant de faits de jeu provoqués par la VAR, qui hache le rythme des rencontres, ajoutant inutilement de longues minutes de temps additionnel.
Des pistes de solutions
La VAR est une bonne chose dans l’idée, mais il faut mieux l’appliquer. Alors voici quelques pistes de réflexions.
L’arbitre est le patron. Ses décisions sont incontestables et les joueurs n’ont pas à réclamer un check VAR à chaque action. Il ne doit y recourir qu’en cas de réel doute, dans la mesure où même les arbitres assistants n’auraient pas vu l’action. L’assistance vidéo deviendrait donc une assistance (comme son nom l’indique !!), un support en cas de doute, et non pas un élément indissociable de chaque décision arbitrale.
Une utilisation restreinte et stratégique. Selon cette idée, le coach de chaque équipe pourrait avoir recours à la VAR trois fois par match. Utilisable quand l'entraîneur juge que l’arbitre fait une erreur, ou qu’une action mérite d’être visionnée plus en détails. Il y aura toujours des problèmes, c’est certain, mais cela permettrait d’éviter d’énormes scandales comme un but de la main, une énorme faute qui aurait échappé aux arbitres ou des hors-jeu flagrants… De plus, l’utilisation limitée empêcherait la multiplication des buts refusés pour un hors-jeu de 3 centimètres , puisque les coachs ne grilleraient pas un de leur joker VAR pour une action invisible à l'œil nu. Enfin, les arbitres ne seraient plus obligés de toujours s’en remettre à la VAR, et partageraient leurs responsabilités avec les entraîneurs, qui ne pourraient plus se plaindre systématiquement de l’arbitrage, à eux d’utiliser l’assistance vidéo au bon moment.
Eliot Poudensan
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