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La Superligue européenne, une fausse bonne idée ?

Le mardi 27 octobre, Josep Bartomeu démissionne de son poste de président du FC Barcelone. Au cours de cette annonce, le président catalan confie que son club avait accepté plus tôt de participer à une future « Superligue européenne ». Rien d’officiel pour le moment, mais de quoi réveiller un vieux serpent de mer du football.



C’est en 2015 qu’apparaît la première trace écrite d’une toute nouvelle compétition, cette Superligue européenne. L’idée est de regrouper les meilleurs clubs européens, autrement dit les plus riches. Les yeux de la plupart des fans de football s’illuminent à l’idée d’assister à des Barça - Manchester City ou des Juventus - PSG tout au long de la saison. Fini les Liverpool - Brighton et les Real Madrid - Elche. Mais le principal attrait d’une telle compétition est évidemment économique. Les droits TV de la Ligue 1 ont été vendus l’an dernier pour 1 milliard d’euros. Alors imaginez si vous remplacez Angers par la Juventus, Nîmes par Manchester et Brest par le Bayern… La promesse est grande. Mais économiquement, comment peuvent s’en sortir les petits clubs nationaux si toutes les grandes écuries partent dans une ligue fermée. Qui va acheter les droits TV pour des Dijon - Lens ? Des clubs pour qui les droits TV représentent parfois plus de 60% du budget annuel. Principal danger d’une Superligue : un fossé toujours plus profond entre les clubs. Le football est historiquement rassembleur, et cette ligue, c’est tout l’inverse.


Le football européen de club s’articule de manière simple, il y a des championnats et des coupes nationales qui permettent de se qualifier chaque année pour les compétitions internationales. Le graal étant la Ligue des Champions, reine des compétitions regroupant les plus grands clubs du Vieux continent. Le problème des championnats nationaux est qu’ils sont très déséquilibrés, à l’exception de l’Angleterre. Les grands championnats voient systématiquement un ou deux clubs remporter la compétition avec par exemple 9 titres consécutifs pour la Juventus en Italie et huit pour le Bayern en Allemagne. Un fossé qui se creuse de plus en plus dû aux écarts financiers entre les clubs. Ce qui pousse notamment vers la création d’une telle compétition. Indirectement, la Ligue des Champions devient une ligue assez fermée. Les mêmes clubs, à de rares exceptions près, se retrouvent tous les ans en phase finale. Un autre argument utilisé pour justifier une telle refonte du système.


Démenti de l’UEFA, mais pas de fumée sans feu


L’idée d’une Superligue s’accélère depuis 2018. Le projet est loin d’être approuvé à l’unanimité mais des clubs puissants comme le Real Madrid, le FC Barcelone, Liverpool ou les deux Manchester poussent en son sens. L’idée évolue et on parle de plus en plus de cette Superligue pour remplacer l’actuelle Ligue des Champions, qui se jouera donc sur les dates réservées aux matchs européens. Même si les grands clubs restaient dans les championnats nationaux, l’enjeu pour la saison est moindre puisque les clubs présents dans cette Superligue seraient toujours les mêmes. Suite à la déclaration de Josep Bartomeu, Aleksander Ceferin, président de l’UEFA, a démenti cette réunion au sommet des clubs européens : « (nous avons) indiqué à plusieurs reprises que l’UEFA s’oppose fortement à une Superligue ». La plus haute instance du football européen craint que cette compétition représente un danger pour les clubs plus modestes, pour le modèle actuel de la LDC ainsi que pour la répartition des richesses entre les clubs. Il ajoute : « qu’une Superligue fermée de 10, 12 ou même 24 clubs deviendrait inévitablement ennuyeuse. »


L’UEFA dément, mais si le FC Barcelone officialise en conseil d’administration une telle information c’est bien que l’idée était déjà avancée, et notamment grâce au dernier Final 8 inédit de la Ligue des Champions. A l’heure actuelle, le modèle serait une compétition à dix-huit clubs, onze clubs « résidents » et sept clubs invités. Liverpool, Manchester United, Arsenal, Chelsea, Tottenham, Manchester City , le Real Madrid, le FC Barcelone, le Bayern Munich, la Juventus Turin et le PSG seraient les onze élus. Il faut maintenant trancher entre les meilleurs clubs au classement européen pour déterminer les sept invités (Borussia Dortmund, l’Atletico Madrid, l’Inter Milan, l’AS Rome, l’AC Milan, l’Olympique Lyonnais, la Lazio Rome, l’Ajax, Porto, Benfica, Leicester…). Une date revient fréquemment, celle de la saison 2022. L’échéance approchant à grands pas, il est difficile d’imaginer cette Superligue européenne dans un an et demi. D’autant que le rythme actuel est frénétique et qu'une Coupe du Monde ainsi qu’un Euro sont encore à jouer d’ici-là. Les pertes économiques liées au Covid-19 peuvent cependant accélérer les choses, l'idée de droits TV records peut pousser les clubs à passer la seconde.


Bastien LOUBET



 
 
 

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