La France bat l’Irlande et termine deuxième du Tournoi

Le XV de France a remporté son dernier match du tournoi des VI nation débuté en février dernier, en battant l’Irlande 35-27. Pas suffisant pour passer devant l’Angleterre qui remporte le tournoi. Mais l’essentiel est ailleurs. Nous avons aujourd’hui une vraie équipe de rugby. 

Qu’il semble loin le temps où le XV de France sortait du tournoi des VI nations en battant l’Italie et l’Écosse pour terminer 4e et s’incliner contre les équipes considérées comme les plus fortes de ce tournoi. Hier soir, la France a joué la « finale du tournoi des VI Nations ». Si on nous avait dit cela il y a 1 an, peu de monde l’aurait cru. Elle a certes offert sur un plateau d’argent le trophée aux Anglais mais elle a surtout passé presque 40 points à l’Irlande. Mieux, elle termine 2e. Son meilleur résultat depuis 2011. 

Le match : Du spectacle au service de la gagne

Au coup d’envoi l’équation est simple. Si les Français veulent remporter le Tournoi il leur faut gagner le match avec le bonus offensif et avec un écart de minimum 31 points. Mais attention, l’Irlande peut également rafler le jackpot. En cas de victoire de plus de 7 points au Stade de France, les Irlandais remportent le trophée. Mais les hommes en vert se heurtent très vite à la réalité. Ce XV de France là était beaucoup plus fort qu’eux. Dès leur premier ballon d’attaque, les tricolores se mettent en action et, comme la semaine dernière, c’est Antoine Dupont qui est à la conclusion, après un merveilleux cadrage débordement de Gaël Fickou, replacé à l’aile ce samedi soir. Un choix gagnant de la part du staff de Fabien Galthié quand on voit la performance livrée par le parisien. Après un carton jaune infligé à Bouthier pour anti-jeu, les Irlandais investissent le camp des bleus qui finissent par craquer après une énième charge, cette fois-ci de Healey. 7-7 après 20 minutes on croirait presque que les coéquipiers de Sexton sont dans le coup. Simple illusion. Malgré l’indiscipline chronique des tricolores ce sont bien eux qui jouent à leur main. À la suite d’une action dans le désordre, l’arbitre accorde un essai de pénalité au XV de France suite à un placage sans ballon sur François Cros qui partait à l’essai. 3 minutes plus tard, le toulousain sort sur blessure. Aperçu avec des béquilles à la fin du match, ça ne sent pas bon pour le troisième ligne du Stade Toulousain. À la pause, les bleus mènent 17-13 et laissent, eux mêmes, les Irlandais dans le match. En cause? Les 8 pénalités concédées. C’était déjà un problème la semaine dernière, la leçon ne semblent pas avoir été retenue alors qu’en face le rugby proposé est assez minimaliste pour être poli.

En début de seconde période, on prend les mêmes et on recommence. Jeu au pied de Fickou, repris par l’inépuisable Antoine Dupont, qui sert son coéquipier de club, Romain Ntamack, qui aplatit en coin. On applaudit des deux mains, c’est génial. Cette superbe entame est confirmée avec deux nouvelles pénalités de Ntamack encore parfait hier soir au pied avec un 6/7. Le score gonfle et l’écart est de 15 points. Et si...? Non. La France ne parvient pas à inscrire les 16 points supplémentaires dont elle a besoin pour passer devant le XV de la Rose. Renshaw, suite à un festival de placages manqués, marque son essai. Suite à cela, le rythme du match retombe avant l’inspiration géniale de Romain Ntamack qui tape au-dessus pour lui même avant de servir Virimi Vakatawa. Le rugby champagne qu’on adore. Le dernier essai inscrit par Stockdale est anecdotique. Score final 35-27 en faveur des tricolores dans un match qu’ils ont maîtrisé de la tête et des épaules malgré une indiscipline pas forcément nécessaire (14 pénalités concédées à la fin du match).

Une charnière de patron

Ils ont respectivement inscrit un essai chacun et délivré une passe décisive. Antoine Dupont et Romain Ntamack, les deux compères du Stade Toulousain, ont une nouvelle fois étalé toute leur classe sur la pelouse du Stade de France. Le numéro 9 est d’abord au relais de Gaël Fickou pour inscrire son 3 essai lors des deux derniers match. Le saviez-vous ? Lorsque un rugbyman prend un intervalle, alors Antoine Dupont apparaît comme par magie à ses côtés. Blague à part, le toulousain est toujours au bon endroit au bon moment pour servir de relais à ses coéquipiers ou bien comme ici être le redoutable finisseur qu’il est désormais. Pas loin d’être le meilleur du tournoi selon nous et le meilleur numéro 9 du monde actuellement. À côté de lui? Romain Ntamack, 21 ans, lui aussi auteur d’un essai ce soir sur une passe de son demi de mêlée. Auteur également d’une merveille d’inspiration pour offrir sur un plateau l’essai à Vakatawa à la 70e. Ce n’est pas tout. La semaine dernière le joueur formé au Stade Toulousain avait réussi un 100% au pied. Ce week-end, un 6/7. Trop nul le mec. Le XV de France cherchait depuis des années un buteur fiable, elle l’a trouvé. Ntamack termine même meilleur réalisateur de la compétition avec 57 points en 5 matchs dont 3 essai. Mais le XV de France a trouvé plus que cela. Malgré un coup de pied dans le jeu pas toujours irréprochable, Ntamack, qui est maintenant visé par toutes les défenses qu’il rencontre, arrive toujours à s’en sortir et a, une nouvelle fois, mis la concurrence d’accord. Le numéro 10 du XV de France c’est lui. Le numéro 9 c’est Antoine Dupont. Et à eux deux, ils forment une merveilleuse charnière, pas loin d’être l’une des meilleures du monde. À seulement 23 et 21 ans, la France à de quoi voir venir avec ses 2 joueurs dans ses rangs. 

La promesse d’un avenir qui s’annonce radieux 

Certes ils n’ont pas remporté le Tournoi. Ce n’était un secret pour personnes, battre de plus de 30 points les Irlandais relevait de la mission quasi impossible. C’était même une pression supplémentaire pour pas grande chose. Mais les bleus ont réussi à articuler leur victoire, petit à petit, sans s’enflammer, en prenant les points quand c’était nécessaire pour ne pas subir la rébellion des hommes en vert. En s’assurant la victoire, les tricolores s'assurent la seconde place quand une défaite les aurait positionné 4e. Là, le constat ne serait pas le même. Ce XV de France a battu l’Irlande, chose qu’il n’avait réussi qu’une seule fois lors de leur 9 dernières confrontations. Mieux, le tableau de chasse de ce Tournoi 2020 est bien garni puisque seul la défaite en Écosse fait tache. Fabien Galthié semble avoir trouvé son équipe-type et son groupe de joueurs. Les cadres sont au rendez-vous, la jeunesse symbolisée par les Ntamack, Vincent, Marchand ou autres se mélangent parfaitement avec les expérimentés Fickou, Le Roux & co. Plus que cela, cette équipe possède une véritable identité de jeu qui lui permet de mettre à mal beaucoup de défenses et semble donner l’illusion de pouvoir marquer à n’importe quel moment. Son point faible, l’indiscipline, est forcément à travailler et nul doute que le staff des bleus mettra l’accent là dessus. On a hâte de retrouver ce groupe là au tournoi 2021 qui approche déjà à grand pas. L’occasion de conquérir un trophée que le XV de France n’a plus remporté depuis 2010. Trop longtemps pour une nation comme la nôtre. 

Cette équipe-là est encore en pleine construction. Inexpérimentée elle emmagasine de l’expérience qui sera profitable dans le futur. Elle termine second du tournoi, chose à ne pas négliger. Actuellement 4e nation mondiale, le XV de France est de nouveau une nation qui gagne et on ne boude pas notre plaisir. 

Yohan Lemaire