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Comment la crise du coronavirus a déchiré l’élite du football français ?

La sentence est tombée. Jeudi, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a statué sur la situation des championnats dans l’Hexagone. Saison terminée. Le Paris Saint-Germain est champion et le TFC relégué en Ligue 2. Un exercice 2019-2020 amputé d’une dizaine de matchs, l’épilogue de sept semaines de négociations en coulisses. Une cacophonie générale qui met en lumière les défaillances des instances dirigeantes. 


La fin de la récré a été sifflée. Enfin, a-t-on envie de dire. C’est certain, la décision va faire des malheureux. Ainsi, les recours et les sorties médiatiques intempestives n’ont pas tardé à arriver. Compréhensible. Lorsqu’on joue à un jeu, il y a des règles. Mais lorsque ces règles sont modifiées en cours de partie, les perdants l’ont d’autant plus mauvaises. Pour faire simple, les vaincus se muent en victimes. Un comportement tout à fait concevable. Mais à situation exceptionnelle, recours exceptionnelle. Mais les problèmes que posent l’arrêt du championnat par la LFP ne sont que la partie émergée de l’iceberg. 


Le “cabinet fantôme”. L’expression s’affiche en une de l’Equipe du 24 mars 2020 pour imager le comité de pilotage imaginé par Bernard Caïazzo, le président de Saint-Etienne et du syndicat Première Ligue. Une association qui regroupe les dirigeants des grands clubs français et un représentant des clubs plus modestes. Aussitôt proposé, aussitôt rejeté. Le projet est tué dans l’oeuf par la présidente de la Ligue, Nathalie Boy de la Tour, qui n’a pas été invitée à en faire partie, contrairement au directeur général exécutif, Didier Quillot. Un épisode qui accrue la méfiance entre le syndicat et la Ligue. Les uns soupçonnent les autres de vouloir profiter de la situation pour faire sauter la présidente de la Ligue. 


Deux semaines plus tard, l’institution est de nouveau bafouée. Quand certains critiquent “les coups de boutoir” de Nasser Al-Khelaïfi, d’autres vantent sa solidarité envers les autres clubs plus en difficulté. Dur de démêler le vrai du faux. Mais ce qui est certain, c’est que le président du PSG s’impatiente devant des visioconférences qui tournent en rond. En parallèle, le Qatarien et sept autres présidents influents planchent sur des solutions économiques. Ce conseil restreint n’aura que peu de poids mais il révèle les failles de fonctionnement de la Ligue. 


Les diffuseurs TV la font à l’envers 


On dit que c’est dans les moment difficiles qu’on voit sur qui l’on peut compter. La Ligue l’a appris à ses dépens. Dix jours après le début de confinement, Canal+ et BeIN Sports informent qu’ils ne verseront pas les 150 millions d’euros prévus au 5 avril. Rien de personnel, juste les affaires ? Pas vraiment. Il y déjà de l’eau dans le gaz entre La Ligue et Canal. Leurs relations se sont tendues depuis l’appel d’offres de 2018 qui a vu Mediapro écarter le partenaire historique du foot français. Depuis, la chaîne cryptée est revenue dans le jeu en s’associant à BeIN mais elle refuse que Didier Quillot soit l’interlocuteur. Didier Quillot, vous vous souvenez ? Mais si, c’est celui que certains président de club préféraient à Nathalie Boy de la Tour. 


De ce fait, le directeur général de la Ligue n’est pas convié à trouver un terrain d’entente avec les diffuseurs. A la place, quatre présidents de club sont mandatés, dont Nasser Al-Khelaïfi. Problème, le boss du PSG est aussi celui du groupe qui détient BeIN Sports. Un conflit d’intérêts qui saute aux yeux et interpelle. La justification est la suivante : il est le mieux placé pour que BeIN paie son dû et que Canal+ fasse de même. Sauf que trois semaines plus tard, les accords seront rendus officiels mais avec un rabais d’une dizaine de millions d’euros. Quant à la dernière échéance, elle ne sera même pas honorée. Canal+ résiliera son contrat quelques jours après l’annonce de l’arrêt de la compétition. BeIN Sports va-t-il enfoncer le clou et mettre un peu plus la LFP dans l’embarras ? 


Hugo MARTIN

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