Antoine Dupont, symbole d’une génération dorée

À l’heure où le rugby français retrouve sa superbe, un joueur brille plus que les autres. Antoine Dupont, qui fêtait hier son anniversaire, est l’un des véritables patrons de ce XV de France. Le demi de mêlée ne cesse de progresser, jusqu’à se demander, s’il n’est pas, à l’heure actuelle, le meilleur numéro 9 du monde.

On l’avait vu venir. Depuis 4-5 ans, Antoine Dupont explose. D’abord à Auch, où il dispute la finale du championnat de France de Crabos. Ensuite à Castres. Dès sa première titularisation, il inscrit son premier essai en professionnel. Pendant ses 3 saisons dans le Tarn où il effectua 61 apparitions, Dupont va littéralement se révéler aux yeux des suiveurs du Top 14 (grand public c’est un peu trop et devenir international des moins de 20 ans tout d’abord, puis en étant appelé par Guy Novès en mars 2017. Transféré chez le cador qu’est le Stade Toulousain, le petit demi de mêlée de 1m74 va effectuer des débuts tonitruants (4 essais en 4 matchs), et va s’imposer directement au poste de numéro 9. Une rupture des ligaments antérieurs du genou droit freinera largement sa progression. Depuis, que ce soit chez les rouges et noirs où il a été champion de France en 2019, ou chez les bleus, Antoine Dupont est devenu un pilier, un indiscutable. À tel point que l'on se demande, aujourd'hui, s'il n'est pas au sommet de son sport, à seulement 24 ans.

Avec Ntamack, la charnière du futur

Un numéro 9 peut être excellent, mais s’il n’a pas derrière lui un formidable chef d’orchestre, ses prestations en souffriront. En la personne de Romain Ntamack, Antoine Dupont a trouvé son compère. Les deux jeunes hommes incarnent à merveille le French Flair et le renouveau des joueurs français. S’ils se complètent si bien, c’est que les deux tricolores sont maintenant habitués à évoluer ensemble. Une charnière qui se retrouve pendant les stages des Bleus c’est bien, mais une charnière qui joue au quotidien ensemble c’est mieux. En effet, depuis 2 ans, Dupont et Ntamack forment la charnière du Stade Toulousain quand le jeune ouvreur n’est pas replacé au centre par son entraîneur Ugo Mola. En moins de deux mois, cette année, la doublette a défié Clermont, La Rochelle, l’Ulster, Exeter, Toulon ou encore le Racing avant de retrouver Marcoussis. Ceci justifie en partie pourquoi les automatismes entre les deux hommes n’ont fait que se développer. Les deux nouveaux hommes forts du XV de France ont réalisé un tournoi des VI nations 2020 remarquable. Ils adorent jouer ensemble, comme le confiait Romain Ntamack « J’ai eu la chance d’enchaîner à l’ouverture en club, associé à Antoine ». Devenue inséparable, Dupont-Ntamack semble être la charnière que Fabien Galthié met en place dans l’optique de la Coupe du Monde 2023. Celle qui se déroulera en France, et pendant laquelle, on espère voir les deux hommes briller pour remporter cette première coupe du monde dans l’histoire du XV de France.

Le meilleur joueur du tournoi des VI nations 2020

C’est une distinction qu’aucun joueur français n’a jamais obtenue. Antoine Dupont est devenu le premier tricolore à être élu meilleur joueur du tournoi des VI nations. Cette distinction honorifique créée en 2004 n’avait été, jusqu’ici, obtenue que par des joueurs irlandais ou gallois majoritairement. Un signe fort du renouveau du XV de France et une belle récompense pour lui. Arrivé avec 46% des voix en sa faveur, c’est presque un plébiscite ! Il devance sur le podium ses compatriotes Ntamack et Alldritt, Cocorico ! Pour comprendre ce choix, il suffit de regarder les 5 matchs effectué par le demi de mêlée des rouges et noirs. Avec 5 matchs et autant de titularisations, Dupont a disputé 382 minutes. Pendant celles-ci, le numéro 9 des bleus n’a pas chômé puisqu’il a inscrit 1 essai et délivré 4 passes décisives tout en parcourant 249 mètres ballon en main. J’en suis tout essoufflé. Le tricolore, qui compte déjà 26 sélections, a réagi modestement à l’image de ce qu’il dégage sûr et en dehors du terrain « Ça fait toujours plaisir de recevoir ce genre de récompense même si c’est dur de ressortir des individualités. Quand on gagne, c’est forcément grâce au collectif ». Oui Antoine, mais les grands joueurs font également les grandes équipes. Le natif de Lannemezan a encore passé un cap durant ce tournoi et l’avenir lui semble promis.

Le meilleur numéro 9 du monde ?

On est obligé de se poser la question. Alors qu’Antoine Dupont fêtait hier ses 24 ans, il semble jouer actuellement son meilleur rugby. Élu meilleur joueur du Tournoi des 6 nations 2020, le demi de mêlée se retrouve propulsé au rang des stars mondiales de ce jeu. À tel point qu’il est, peut-être, aujourd’hui, le meilleur numéro 9 du monde. Les compliments pleuvent sur le toulousain, notamment en Nouvelle-Zélande, où l’avènement de Dupont est fortement commenté. L’ancien talonneur des All Black, James Parsons confiait après le match face à l’Irlande « Il a ces superbes lignes de course de soutien offensif. Mais il est aussi très juste dans ses choix et colle très bien au ballon. Il n’en est jamais loin et fait toujours le bon choix entre le jeu et la passe, la continuité et d’un seul coup, il joue pour lui. C’est un snipper : quand l’espace s’ouvre, il fonce immédiatement ». Dans le pays du meilleur numéro 9 du monde, qu’est Aaron Smith depuis 10 ans, au même titre que le sudafricain Faf De Klerk, les compliments valent de l’or. Depuis sa première sélection, le 11 mars 2017, Antoine Dupont est le numéro 9 qui élimine le plus de défenseurs au niveau international, avec en moyenne 5,1 défenseurs battus par match. Il est également celui qui parcourt le plus de mètres ballon en main avec, environ, 57 mètres parcourus par match. Ses franchissements sont également très intéressants, puisqu’il franchit le rideau adverse plus de deux fois par match. Toujours au soutien de ses coéquipiers, le toulousain sait tout faire.

Antoine Dupont joue aujourd’hui dans la cour des plus grands au côté de Aaron Smith et Faf de Klerk, les références à son poste. Vif, puissant et très agile, le numéro 9 du Stade Toulousain est l’archétype du demi de mêlée moderne. De quoi emmener son pays sur le toit du monde en 2023 ? Seul l’avenir nous le dira.

Yohan LEMAIRE